La Ligue de l'enseignement s'attaque au décrochage
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 26 octobre 2012.
"Je n’aime pas trop parler d’élèves décrocheurs ou de déscolarisés (...) Dans la plupart des cas observés au cours des enquêtes, la rupture n’est jamais totalement consommée. C’est l’une des dimensions que peine à penser l’institution avec son système de classement binaire (présent/ absent, gérable/ ingérable, récupérable/ irrécupérable, etc.) (...) Les élèves sont le plus souvent ambivalents." La Ligue de l'enseignement publie un dossier téléchargeable, "comment lutter contre le décrochage scolaire". Le sociologue Etienne Douat y propose son analyse du décrochage et il y fait l'éloge de l’éducation populaire qui permet "des parcours atypiques", où on apprend "aussi en dehors de l’école" et "tout au long de la vie" et qui constitue "un moteur pour repenser la pluralité possible des formes d’apprentissage".
A lire également dans ce dossier un résumé des articles publiés par le CEREQ et les "déchiffreurs" sur la difficulté d'estimer le nombre des décrocheurs. Patrick Rayou (sociologue, Paris-VIII) constate pour sa part que le vocabulaire a changé : "On a longtemps parlé d’ 'élève en échec', et l’expression s’efface aujourd’hui au profit d’une autre, le 'décrocheur'. Ce qui n’est pas anodin, car avec cette posture active on renvoie la personne à sa seule responsabilité."
Gérer les sorties de route
Richard Robert (Ligue de l'enseignement) décrit les parcours d'insertion sociale et professionnelle : "Ce sont donc bien des continuités qu’il s’agit de redessiner. Et pour cela il est impératif de raisonner en termes de parcours (...) Il faut gérer les sorties de route (du décrochage à l’interruption du stage ou du CDD), les incidents de parcours (...) La mobilité ne saurait se décréter. Mais elle peut s’apprendre." Arnaud Tiercelin (Ligue de l'enseignement) demande qu'on "croise ambition culturelle, formation citoyenne et projet professionnel, au profit de la réussite éducative globale des jeunes".
Pour George Pau-Langevin, ministre en charge de la réussite éducative, "il y a urgence à réagir et à lutter contre ce phénomène qui, par nature, est un processus complexe s’inscrivant dans la durée". Pour elle, "les associations, les familles et les collectivités locales sont aujourd’hui des acteurs incontournables avec qui l’École doit travailler".
Micro-lycées, ateliers-relais, écoles de la 2ème chance
Le dossier propose encore un bilan des "micro-lycées", dont les élèves, "qui sont d’anciens 'décrocheurs", s’accrochent autant si ce n’est plus que les autres dans leur cursus post-bac" et un bilan, en termes de prévention, des structures relais : "quand toutes les 'bonnes' conditions sont réunies (mixité des groupes, élèves repérés le plus tôt possible, partenariat fort avec les collèges de rattachement...), les ateliers-relais sont un vrai succès." Quant aux écoles de la 2ème chance, elles s'efforcent de "redonner de l’élan à ces jeunes, de défaire les nœuds qui les arrêtent ou sur lesquels ils s’arrêtent".
Un dossier téléchargeable sur le site de la Ligue, ici.