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Refondation de l'Ecole : l'AGEEM évoque les évolutions de l'école maternelle (interview exclusive)

Paru dans Petite enfance, Scolaire le vendredi 19 octobre 2012.

La refondation de l'école prévoit que l'école maternelle retrouve son autonomie et sa spécificité. ToutEduc a demandé à la présidente de l'AGEEM (l'Association générale des enseignants des écoles et classes maternelles publiques), comment elle voyait évoluer cette école. 

ToutEduc : Que signifie pour vous l'autonomisation de la maternelle ?

Isabelle Racoffier : Que les enseignants soient en lien avec des gens formés, des orthophonistes, des psychologues, des pédiatres, des associations, des inspecteurs, des conseillers pédagogiques... Tous ceux qui peuvent nous éclairer sur le développement de l'enfant de 2 à 6 ans. Mais il faut aussi des gens qui aient une pratique, qui sachent ce que c'est que de se retrouver avec une trentaine d'enfants de petite section qui pleurent au moment de quitter leur maman. Il faut que ce soit un milieu ouvert, mais dans un cadre défini.

Il faudrait aussi que, dans le cadre des animations pédagogiques, qui sont pratiquement les seuls moments de formation continue que nous ayons, nous nous donnions des axes de travail de fond, un axe particulier sur une année entière reposant sur la recherche /action et utilisant au mieux les ressources, les savoirs dont sont porteurs tel ou telle d'entre nous.

ToutEduc : Vous avez évoqué le rôle que pourraient jouer des orthophonistes. Quel serait leur apport ?

Isabelle Racoffier : Nous avons effectivement lancé une réflexion avec la FNO [fédération nationale des orthophonistes, ndlr], et une expérimentation est en cours depuis très longtemps dans le Nord-Pas-de-Calais. Ils n'ont pas la même vision que nous. Alors que nous attachons beaucoup d'importance à l'articulation, à la capacité de l'enfant à repérer des syllabes, ils sont beaucoup plus attentifs à la situation de communication, aux efforts, même maladroits, que fait l'enfant pour parler à l'adulte...

ToutEduc : Ce qui nous amène à l'évaluation. La loi d'orientation de 1989 a créé l'école primaire, réunissant maternelle et élémentaire, avec un cycle "à cheval" sur Grande section, CP et CE1 et des livrets d'évaluation qui ressemblaient à ceux qui ont été imaginés plus tard pour accompagner l'acquisition du socle commun. Ils ont été très critiqués.

Isabelle Racoffier : Les livrets d'évaluation en maternelle aussi. Dans la Vienne, nous avions travaillé à un "cahier de progrès" qui, au lieu de mettre des croix dans des cases, ou des points rouges et verts, et de figer une situation, permettait  d'expliciter les attentes de l'école à l'enfant et à sa famille. Les items étant déclinés en dessins, l'idée était aussi de conserver des traces des productions de l'enfant afin qu'il identifie ses progrès, son grandissement. Et lorsque celui-ci revoit ses premiers essais d'écriture, ou ses bonshommes têtard, il prend conscience du chemin parcouru...

ToutEduc : Autre annonce gouvernementale, revenir progressivement au taux d'accueil des "moins de 3 ans" d'avant 2008. Ne serait-ce pas l'occasion de repenser cet accueil ? Ne faudrait-il pas impliquer d'autres professionnels de la petite enfance, des EJE par exemple ?

Isabelle Racoffier : Au fil de son histoire, l'AGEEM a défendu l'idée d'une école maternelle avec des enseignants, refusant tous les projets qui auraient pu avoir la tentation de remplacer les enseignants par des éducateurs de jeunes enfants. Nous sommes favorables aux classes passerelles, où les deux professions cohabitent, mais nous souhaitons que l'école maternelle reste une école, qu'elle ne devienne pas une "grande crèche". Tout cela est à moduler bien sûr. Dans certains cas la complémentarité d'un autre professionnel pourrait favoriser l'accueil des jeunes enfants à l'école maternelle.

Il faut de toute façon que nous travaillions aussi avec les personnels de l'accueil périscolaire. Un enfant que ses parents déposent à l'école le matin à 7h et qui viennent le rechercher à 18h30 aura passé au moins autant de temps avec ces personnels qu'avec nous... dans ces différents temps, garderie et restaurant scolaire. L'accueil des tout petits doit être pensé en terme de sécurisation affective. Cela suppose des adultes formés à la relation, des espaces aménagés et une organisation du temps pour permettre un développement de leur corps, de leur sensibilité. C'est ensemble que nous pouvons les faire entrer dans un processus d'autonomisation heureuse. Les enfants, et les garçons plus que les filles, sont souvent dans une relation fusionnelle avec leur mère, et l'école maternelle, "paternelle" faudrait-il peut-être dire, vient modifier cette relation. Un enfant ne peut pas rentrer dans les apprentissages s'il ne se sent pas sécurisé hors du regard de sa mère. La prévention de l'échec scolaire et du décrochage, qui touchent plus les garçons que les filles, se joue, au moins pour partie, à ce moment-là.

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