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"Ceux qui poussent à la multiplication des expérimentations veulent en fait les imposer aux enseignants" (M. Geniez, SNCL-FAEN)

Paru dans Scolaire le vendredi 19 octobre 2012.

Rythmes scolaires, liaison école-collège, socle commun... Les points de vue de certaines organisations syndicales sont plus souvent exposés que d'autres. Afin de rétablir la balance, ToutEduc donne la parole à Marc Geniez, pour le SNCL-FAEN (Syndicat national des collèges et lycées)

ToutEduc : Le gouvernement a remis à plus tard la réforme du rythme scolaire annuel et la concertation a hésité sur le sujet, notamment sur le zonage. Comment comprenez-vous ces hésitations ?

Marc Geniez : Il y a un large accord pour une alternance proche des 7 semaines de cours et 2 semaines de congés. Si l’on appliquait strictement le 7 +2, il ne faudrait pas raccourcir les congés d’été mais les rallonger d’une semaine ! Il y a une forte opposition au raccourcissement des congés d’été chez les personnels. Il n’y a d’ailleurs aucune nécessité de le faire puisque les chrono-biologistes ne sont pas d’accord entre eux, que la majorité des pays européens ont des congés scolaires aussi longs ou plus longs que les nôtres et que le ministre a pu réduire la durée de la journée de classe dans les écoles sans raccourcir les vacances d’été.

Le zonage des congés d’été n’était rien d’autre que la concession faite par le gouvernement aux professionnels du tourisme pour leur faire accepter le raccourcissement des congés d’été. Or, ce zonage a été tenté pendant une année au début des années 80 et s’est soldé par un véritable fiasco. Enfin, si l’on zone les congés d’été, il faut également le faire pour ceux de Toussaint et de Noël. Or, pour ces derniers, je ne vois pas de solution satisfaisante pour créer trois zones tout en laissant le 25 décembre et le 1er janvier dans les 3 zones. Il y a des vrais problèmes, beaucoup plus urgents à régler dans le système éducatif.

ToutEduc : Le Ministre a remis à plus tard l’articulation école élémentaire – collège tout en esquissant des pistes pour des expérimentations, échanges de postes entre professeurs des écoles et des collèges, ou regroupements disciplinaires en 6ème – 5ème. Qu’en pensez-vous ?

Marc Geniez : Ces expérimentations et échanges existent déjà mais sont peu demandés. Les enseignants n’en ressentent pas le besoin. La loi Fillon de 2005 fixe les modalités de conduite des expérimentations. Les concours internes, listes d’aptitude et le détachement permettent depuis des décennies de changer de corps. De fait, la majorité des expérimentations en cours a été téléguidée par les rectorats et non souhaitée par les enseignants des collèges. Ceux qui poussent à la multiplication des expérimentations veulent en fait les imposer à des enseignants qui n’en veulent pas.

Les collègues sont tout à fait d’accord pour travailler en équipe à condition de ne pas aggraver encore leurs conditions de travail ; mais ils refusent les regroupements artificiels de disciplines différentes par exemple l’enseignement intégré des sciences et technologie en 6ème et 5ème. Il n’y a pas d’éléments communs dans la formation universitaire des étudiants de SVT et de technologie.

ToutEduc : Plus globalement, on voit un certain nombre d’organisations syndicales et de mouvements d’éducation populaire favorables à la constitution d’une école du socle commun, et d’autres, dont la vôtre, qui y sont hostiles. Pourquoi cette hostilité ?

Marc Geniez : Le socle commun comme but ultime de la scolarité obligatoire correspond à la théorie de "l’Ecole fondamentale" concoctée par la FEN au début des années 70 pour empêcher le collège de se détacher de l’Ecole. C’est une vision du passé. Le socle commun aujourd’hui correspond à un sous-ensemble des programmes : les connaissances et compétences que tous les élèves, y compris ceux qui sont les plus en difficulté, doivent acquérir à la fin de la scolarité obligatoire.

Certains veulent casser l’enseignement des disciplines et réduire les programmes du collège au seul socle commun. Que deviendrait alors la majorité des élèves, ceux qui n’ont pas de difficulté pour suivre les programmes actuels ? Nombreux seraient les bons élèves qui fuiraient dans l’enseignement privé. Or, pour le SNCL-FAEN, le collège doit permettre à tous les élèves, ceux qui ont des difficultés comme ceux qui n’en n’ont pas, d’aller au maximum de leurs possibilités. Les programmes doivent donc aller au-delà du seul socle commun pour que l’Ecole de la République soit véritablement l’Ecole de tous.

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