A quoi sert une grève des enseignants ? (colloque de la FSU)
Paru dans Scolaire le lundi 15 octobre 2012.
On ne peut évaluer l’efficacité d’une grève des enseignants en fonction de ses modalités, grève d'une journée, grève "interpro", grève des notes, grève tournante, grève reconductible, sans tenir compte de son contexte : "une grève de 24h peut ne pas valoir tripette alors qu’une autre permettra des avancées revendicatives", estime Monique Vuaillat ancienne co-secrétaire de la FSU et ancienne secrétaire générale du SNES. L’Institut de recherches de la FSU avait réuni, jeudi 11 octobre à Paris, un colloque qui avait pour thème "La grève enseignante en quête d’efficacité".
Finalement, la grève apparaît comme un moyen d’empêchement de n’importe quel compromis, et elle est la marque d'un "syndicalisme de lutte de classes", par opposition à "syndicalisme de collaboration".
Ce colloque a aussi été l'occasion d'ouvrir une perspective historique. Les fonctionnaires avaient interdiction de faire grève, et lorsque ce droit leur a été reconnu, après guerre, il s’était agi plutôt d’une concession. Dans les années 50, les pouvoirs publics ont initié différentes démarches de contractualisation : "en échange de concessions faites aux syndicats, ceux-ci s’engageraient à ne pas appeler à la grève." Dans ces conditions, la recherche de l'unité nécessaire avec le syndicalisme réformiste aurait trouvé dans la grève un moyen privilégié.
Sur un plan plus philosophique, l'action syndicale pour la grève, dont les résultats ne sont pas toujours évaluables, paraîtrait s'initier de résistances et de désobéissances déclarées ou larvées. Selon un des textes introductifs, elles seraient au même titre que les " révoltes contre l'exclusion" des "actions de portée plus universellement humaines que l'action politique"; c'est ce qui expliquerait par exemple "la présence d'élus et de partis politiques en queue des défilés de grévistes". Il y voit, implicitement, la reconnaissance de la capacité du syndicalisme à traduire plus fidèlement "les aspirations de la population laborieuse" que le discours politique.
Les actes du colloque qui réunissait avec des historiens, des universitaires, des militants, les responsables passés ou en fonction de la FSU seront publiés au printemps 2013.