Assises nationales de l'Education, première étape d'un grand projet
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Culture, Justice, Orientation le samedi 06 juin 2009.
Les Assises nationales de l'Education, réunies à Paris ce 6 juin, sont la première étape d'une "démarche patiente", dont début 2010, devraient émerger les "lignes structurantes" d'un grand projet qui fasse consensus parmi des forces "qui partagent un certain nombre de valeurs". Ce projet doit excéder de beaucoup la question de l'école. Pour l'historien Claude Lelièvre (voir son blog), interrogé par ToutEduc, cette première journée est un succès, et correspond à une démarche réellement inédite.
Il estime, et c'est pour lui, une raison d'espérer qu'elle parviendra à son terme, que les participants n'ont pas esquivé les difficultés. Beaucoup ne craignent pas de demander une clarification des termes employés, éducation et co-éducation par exemple, dont le flou arrange tout le monde, mais empêche d'avancer. Pourtant, les comptes-rendus d'atelier (bientôt en ligne sur le site "Pour l'Education") sont un peu "langue de bois" et ne rendent pas compte de la richesse des débats qui ont réuni quelque 450 personnes, élus et techniciens des collectivités territoriales, représentants des réseaux associatifs, des parents (FCPE), des syndicats (la CFDT comme confédération, et trois fédérations de syndicats enseignants, la FSU, l'UNSA et le SGEN). Quand on demande à Yves Fournel, président du réseau français des villes éducatrices, adjoint au maire de Lyon, et initiateur de cette journée, pourquoi les autres forces sociales, les autres confédérations syndicales et les organisations patronales notamment, ne sont pas là, il répond: "les portes sont ouvertes, mais déjà, on peut dire que la société civile est représentée, et si on arrive à élaborer un grand projet, il sera relativement incontournable."
Pour les organisateurs, il y a urgence, du fait de la "territorialisation galopante" des politiques d'éducation, et d'un moment politique particulier, où est posée la question des services publics. Il ne faut pourtant pas que les assises se laissent "cannibaliser" par "l'actualité immédiate" et les débats qu'elle induit, ou par la confusion entre "éducation" et "école". L'Ecole ne représente qu'une faible partie du temps de l'enfant, mais elle constitue "dans les têtes" l'essentiel de l'éducation. Les différents acteurs de l'éducation, conçue donc au sens large, doivent travailler "en synergie", au niveau local et sur les territoires. Mais est-ce possible quand les représentants de l'Etat, inspecteurs d'académie et préfet par exemple, tiennent des discours contradictoires? D'autre part, travailler ensemble ne doit pas signifier confusion des rôles, et Philippe Meirieu, dans son propos conclusif, invite chacun à se demander ce que le mot "éduquer" signifie pour lui, en fonction de sa profession et de la place qu'il occupe.
Le nombre des participants était limité, chaque organisation ayant un contingent d'invités. Ces assises s'inscrivent dans le prolongement de l'appel de Rennes (sur le site des Villes éducatrices), signé par une cinquantaine de maires (dont Paris, Lille, Nantes, Rennes, Grenoble....) et autant d'organisations. Manquaient à l'appel les professionnels de la petite enfance, les éducateurs (PJJ, AEMO, etc.), et surtout la presse, pourtant invitée.