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Morale laïque : un manque qui n'était pas pensé (Laurence Loeffel)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le dimanche 14 octobre 2012.

L’école est "dans la situation absurde de se prescrire pour fin l’institution d’une disposition subjective, la citoyenneté, impossible à vérifier (...) Les finalités restent les mêmes, mais en lieu et place de ce que l’on appelle 'éducation' et de ce que l’on appelait 'éducation morale', il y a un manque qui n’est même pas pensé comme tel." C'est la conclusion d'un article Laurence Loeffel publié en 2007 par la revue Spirale (Lille-III). La philosophe vient d'être nommée avec deux autres personnalités pour "conduire une mission de réflexion sur l’enseignement de la morale laïque" (ToutEduc, Morale laïque : la mission rendra sa copie au mois de mars). 

Dans cet article, elle revenait sur l'histoire de cette "éducation morale scolaire non confessionnelle", qui est l' "une des principales innovations de l’école républicaine à la fin du XIXe siècle". Elle s'inscrit d'abord "en continuité et en cohérence avec la morale religieuse", mais très vite, Durkheim la théorise, et en fait une expression de la rationalité : "l’injustice est déraisonnable et absurde, et, par suite, nous y devenons d’autant plus sensibles que nous sommes plus sensibles aux droits de la raison". L'exercice de la raison étant individuel, la morale laïque exprime "quelque chose d’intimement démocratique". 

Laurence Loeffel oppose Piaget à Durkheim. Le psychologue distingue "une morale d’autorité" chez les plus jeunes enfants et "une morale de la coopération chez les plus âgés" qui n’obéissent plus "aux règles par contrainte ou soumission à l’adulte, mais au contraire de manière autonome, réfléchie, distanciée". Le militant de l'éducation nouvelle "fait de Durkheim le champion de la morale autoritaire et de l’école traditionnelle". Le projet de Piaget "exprime quelque chose de très profondément ancré dans la démocratie moderne et dans la manière dont elle a transformé la figure du citoyen". Encore faut-il que la pédagogie lui permette d'accéder à cette autonomie. Or les enseignants de disposent pas des outils "théorico-pratiques" nécessaires. En 1969, cette éducation est supprimée. "Nul ne niera que l’école a des intentions morales, qu’à l’école il y a de la morale, mais sans éducation morale elle reste insaisissable, tributaire de l’arbitraire individuel, enveloppée dans la nébuleuse et les initiatives brouillonnes de l’éducation à la citoyenneté, celle-ci étant si diluée qu’elle semble à bien des égards infigurable (...) Tout se passe comme si l’école tenait bon le point de vue de l’unanimisme ou du consensus et de l’évidence normative, alors même qu’elle est le miroir de tous les conflits en souffrance dans la société". Elle semble même "entretenir un rapport imaginaire à la démocratie"

Avec Denis Kambouchner ou Marcel Gauchet, l'auteure évoque une crise de la culture scolaire et un "épuisement du projet de la modernité". C'est dans ce contexte que "l’éducation du citoyen a fait un retour en force dans le champ scolaire", un retour qu'elle date de 1985. Elle ajoute que c'est "une préoccupation majeure des sociétés démocratiques contemporaines". 

L'article de Spirale (n° 39) est téléchargeable sur le site de la revue, ici

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