Refondation de l'école : les parents, l'orientation et l'éducation prioritaire
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le samedi 06 octobre 2012.
Refonder l'éducation prioritaire pour en éviter les effets pervers, c'est ce que propose le rapport présenté hier, 5 octobre 2012 par le comité de pilotage de la concertation pour la refondation de l'Ecole. La "labellisation" éducation prioritaire détourne les élèves de milieux favorisés des établissements classés ZEP ou RAR. L'effet de seuil concerne "les établissements qui comportent un certain nombre d'élèves en difficulté mais pas assez pour être reconnus comme prioritaires, ils ne bénéficient pas de financements supplémentaires" explique la sociologue Nathalie Mons. Elle propose donc que les financements croissent ou décroissent de façon continue en fonction de la population accueillie par l'établissement. Elle suggère également que les personnels enseignants qui travaillent dans ces établissements soient davantage formés et expérimentés. Enfin, le rapport revient sur la carte scolaire et envisage une sectorisation élargie, "pour favoriser la mixité sociale et scolaire dans les établissements."
L'information sur l'orientation professionnelle est également présentée comme un outil de lutte incontournable contre les inégalités. Pour que l'orientation ne soit plus subie mais choisie, il faut que les parents aient le dernier mot sur le redoublement et sur l'orientation de leurs enfants. Le rapport propose notamment de créer "parallèlement à la seconde professionnelle spécialisée, une seconde professionnelle de détermination qui permettra aux élèves de découvrir plusieurs spécialités avant d'arrêter leur projet d'orientation." Il suggère également de multiplier les passerelles pour offrir à l'élève "un droit à la réorientation", ainsi que l'enseignement d'une culture économique, sociale et professionnelle qui leur permette de construire leur avenir professionnel, "en l'inscrivant obligatoirement dans l'emploi du temps", selon le rapport.
Christian Forestier, lors de la conférence de remise du rapport, a évoqué la mise en place d'une carte des formations professionnelles adaptée aux enjeux du développement économique et de l'emploi dans le cadre du récent accord entre l'Etat et l'association des régions de France, et la création d'un service public régional de l'orientation pour mettre en réseau les différents dispositifs existant, donc sans remettre en cause les CIO (centres d'information et d'orientation) de l'Education nationale.
Pour lutter contre le décrochage scolaire, Christian Forestier a notamment suggéré la création d'un référent dans les établissements les plus touchés par le phénomène : il "serait responsable de la prévention, des signalement délèves qui sortent du système notamment auprès des missions locales, des relations avec les parents de ces élèves, et de l'aide au retour des décrocheurs dans l'établissement". En outre, "il faudrait faire passer de 16 ans à 18 ans l'obligation de ne laisser aucun jeune sans solution".
Enfin, le rôle des parents est reconnu comme une nécessité par le rapport pour assurer la réussite des élèves. François Bonneau, président du Conseil régional du Centre, évoque l'organisation d'une journée de prérentrée pour les parents, de la maternelle au lycée et sur l'existence d'un lieu d'accueil dédié à l'accueil des parents dans l'établissement. Le rapport suggère aussi l'introduction dans la formation des enseignants d'un module spécifique à la relation avec les parents .