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Les écoles "ne sont pas à feu et à sang", mais le climat avec la hiérarchie est "pourri" (E. Debarbieux et G. Fotinos)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 20 septembre 2012.

"Ca ne sera pas simple" déclare Eric Debarbieux à l'occasion de la présentation de l' "enquête de victimation et climat scolaire auprès des personnels de l'école maternelle et élémentaire" qu'il a menée avec Georges Fotinos, ce 20 septembre, faisant référence au fait que les enseignants critiquent l'institution mais ne semblent pas connaître les ressources dont ils disposent en dehors de l'école, mouvements pédagogiques et associations complémentaires. Il faisait également allusion à son nouveau statut de "délégué ministériel" sur les questions de violence scolaire. Il indique à ToutEduc qu'il quitte son statut universitaire, sans doute définitivement, qu'il a démissionné de ses fonctions à l'Observatoire international de la violence à l'école qu'il dirige depuis 2004, qu'il va mettre sur pied au ministère une petite équipe d'une dizaine de personnes, très opérationnelles, et, dans un second temps, un groupe plus large, "de 20-25 personnes", dont des universitaires, pour constituer un conseil scientifique. 

Les deux auteurs rappellent que, si les enquêtes de victimation des élèves existent depuis longtemps, Eric Debarbieux en ayant produit une en 1991 sur une école de la Goutte d'Or à Paris, c'est la première fois qu'on s'adresse aux enseignants du premier degré. Ils sont près de 12 000 à avoir répondu à un questionnaire monté avec l'ASL (autonome de solidarité laïque) et la MAIF, mais aussi avec le soutien du médiateur de la République, J-P Delevoye alors. Il a été relayé par les syndicats de la FSU, de l'UNSA et le SGEN-CFDT. Les résultats sont conformes aux attentes sur la plupart des points. Les enseignants, à plus de 90 %, trouvent que le climat de leur école est "bon" ou "plutôt bon", mais les jeunes enseignants en éducation prioritaire sont ceux qui ont la perception la moins positive. Les enseignants se sentent respectés par les parents (86 %) et par les élèves (90 %), mais plus d'un tiers d'entre eux déclare avoir reçu dans le courant de l'année passée des injures, 17 % des menaces, 5,6 % disent avoir été bousculés, 3,6 % avoir reçu des coups, qui n'ont donné lieu qu'exceptionnellement à des ITT de plus de 8 jours. "Les écoles ne sont pas à feu et à sang", commentent les auteurs. Les enseignants se plaignent pourtant de leur hiérarchie, dans un contexte de RGPP (réduction du nombre des postes), et les auteurs parlent d' "un climat extrêmement malsain" et même "pourri".

Venir en aide aux enfants gravement perturbés

Ils se déclarent surpris du nombre (37 %) de ceux qui disent avoir "souvent des problèmes" avec des enfants "gravement perturbés", qui ont des problèmes de comportement. Eric Debarbieux estime à 2 ou 3 % ce "petit noyau" d'enfants qui ont des troubles persistants et il espère que le changement de contexte permettra que se mette en place une politique de prévention sans qu'on redoute un "fichage" des tout petits. "La détection de la schizophrénie avant 5 ans permet de soigner, et de guérir cette maladie." 

Il ajoute qu'il ne suffit pas qu'il y ait un(e) AVS "pour que ça fonctionne". Il faut des maîtres surnuméraires dans les écoles, et des RASED dont on peut faire évoluer le rôle. Il faut aussi que les enseignants aient du temps pour travailler ensemble. "Rien ne se fera sans des équipes solidaires." On pourrait d'alleurs, à ce sujet, supprimer "l'aide personnalisée", "génératrice de stress et inefficace", revoir des programmes à ambition encyclopédique et les évaluations. Il faut aussi revoir la formation des enseignants, et que celle-ci commence dès la licence. Autre préconisation : bâtir un autre modèle pour les relations humaines. La solitude des directeurs d'école est particulièrement mise en évidence. Un sur trois ne peut s'adresser à personne en cas de difficulté, et 4 sur 10 se demandent s'ils ne devraient pas renoncer à leur fonction. Les auteurs plaident pour "un accompagnement et une écoute non hiérarchique des personnels".

L'enquête est téléchargeable sur le site de l'ASL, ici

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