Formation des enseignants : Ph. Watrelot dénonce un "apparent" consensus
Paru dans Scolaire le lundi 17 septembre 2012.
"Je ne suis pas sûr que la concertation soit une machine à fabriquer du consensus", écrit Philippe Watrelot, président du CRAP-Cahiers pédagogiques sur son blog, en conclusion d'une chronique sur la formation initiale des enseignants, dans laquelle il dénonce un pseudo consensus sur la place du concours : "Alors que les intentions initiales du ministère allaient vers un concours en fin de M1, tous les syndicats [seraient] tombés d’accord pour dire que le concours devait être placé en fin de M2". Pour lui, ce consensus n'existe pas, ou il "n’est qu’apparent".
Il distingue deux scénarios. Ou bien les écoles qui remplacent les IUFM sont "des composantes universitaires" dont le fonctionnement est calqué sur celui des UFR. "A ce moment là, ce qui prévaut ce sont les masters délivrés par les universités et la formation précédant le concours (...) reste très disciplinaire". Ou bien ces écoles sont "des établissements réellement autonomes", construits sur un modèle proche des “hautes écoles de pédagogie” suisses, et ils "recruteraient par concours d’entrée, au plus tard à l’issue de la licence". Ils délivreraient des masters professionnels et formeraient "à tous les niveaux d’enseignement y compris pour l’enseignement privé sous contrat, comme à d’autres métiers de l’éducation" et ils "incluraient une importante formation de formateurs, pour l’accompagnement des débutants, l’analyse de pratiques professionnelles".
C'est le scénario qui a sa préférence, il permet de "construire une identité professionnelle nouvelle" qui, pour les enseignants du second degré, "ne se réfère pas uniquement à l’amour de la discipline”. Au-delà, Philippe Watrelot s'interroge sur la possibilité pour un concours, quelle qu'en soit la forme, de "juger de la capacité des candidats aux métiers de l’enseignement". Il s'interroge également sur les formateurs qui sont actuellement dans les IUFM : "On y trouve de moins en moins de professeurs des écoles et des lycées et collèges" et "de plus en plus de jeunes maitres de conférence qui ont trouvé là un point de chute sans que leur motivation première soit la pédagogie". L'enseignant plaide pour "la création d'un statut de professeur-formateur dans le secondaire sur le modèle des 'maitres formateurs' du primaire" et demande que les stagiaires aillent de préférence "dans les établissements engagés dans des projets d’établissement forts et dans l’innovation".
La chronique de Ph. Watrelot sur son blog, ici.