La maternelle, l'échec scolaire et les enseignants en France et dans l'OCDE (Regards sur l'éducation)
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 11 septembre 2012.
L'édition 2012 des "Regards sur l'éducation" que publie l'OCDE ce mardi 12 septembre, est l'occasion de comparer la situation de la France à celle de pays comparables en matière de préscolarisation, de sorties sans diplôme, de situation des enseignants et de temps scolaire...
MATERNELLE. "En Europe, le concept de la préscolarisation généralisée entre l’âge de trois et six ans est communément admis", et il atteint en France 100 % à 3 comme à 4 ans en France, qui se classe en tête de tous les pays de l'OCDE, où la moyenne est de 66 % à 3 ans et 81 % à 4 ans, si on prend en compte aussi les structures "petite enfance". "C’est en Belgique, en Espagne, en France, en Islande, en Italie, en Norvège et en Suède que les taux de préscolarisation sont les plus élevés à l’âge de 3 ans".
Au cours de la présentation de ces résultats, Eric Charbonnier, expert à la direction Education de l'OCDE, a souligné le caractère "égalitaire" des écoles maternelles Françaises. "L'OCDE salue toutes les mesures qui vont dans le sens d'une meilleure préscolarisation: elles permettent de réduire les inégalités en agissant dès le plus jeune âge. Or en France, il y a aujourd'hui une école maternelle qui fonctionne et peut accueillir tous les enfants. Son financement est lui aussi égalitaire puisqu'il dépend principalement de fonds publics."
Mais la France dépense moins pour ces élèves préscolarisés, 6 185 $ contre 6 670 en moyenne OCDE. Le taux d'encadrement est également moins bon, "on compte par enseignant (abstraction faite du personnel non enseignants, par exemple, les auxiliaires d’éducation) plus de 20 élèves en Chine, en France, en Israël, au Mexique et en Turquie", contre 14 en moyenne, et "moins de 10 élèves au Chili, en Islande, en Nouvelle-Zélande, en Slovénie et en Suède". Si on prend en compte les ATSEM (les agents spécialisés des écoles maternelle), le nombre moyen d'enfants par adulte tombe à 14,2 (pour une moyenne OCDE de 12,3).
"Même si l'OCDE considère que la qualité des enseignants est un facteur de réussite plus important que la taille des classes, on peut s'interroger sur l'évolution des taux d'encadrement en France", note Eric Charbonnier. Le nombre d'élèves préscolarisés par classe a augmenté alors qu'il était déjà "à un niveau élevé".
EFFECTIFS. Le nombre d'élèves par enseignant est en France de 21,5 en école maternelle, de 18,7 en élémentaire (contre 15,8), et de 12,3 dans le second degré (contre 13,8). Un enfant de 7-8 ans a 847 heures de classe par an (contre 774) et au collège, 971 contre 899.
NIVEAU. La France a rattrapé son retard en termes de niveau de sortie, puisque 84 % des "25-34 ans" ont au moins un CAP, pour une moyenne OCDE à peine inférieure, mais ce résultat nous place au 21ème rang sur sur 36 pays. Seuls 56 % de nos "55-64 ans" ont au moins un CAP, contre 65 % en moyenne. La Corée du Sud est le pays qui a le plus progressé : 98 % des plus jeunes ont au moins un CAP, contre 43 % des seniors.
Les jeunes adultes dont les parents n'ont pas au moins un CAP "ont moins de chances en France de suivre des études supérieures" : 38 %. Elle est supérieure à 50 % au Danemark, en Espagne, en Irlande, en Islande, aux Pays-Bas, au Portugal, au Royaume-Uni, en Suède et en Turquie. A l'inverse, les trois quarts des jeunes adultes français (25-34 ans) dont "au moins l’un des deux parents est très instruit" ont un diplôme de l'enseignement supérieur.
ENSEIGNANTS. En France, le salaire statutaire des enseignants débutants ou après 15 ans d'expérience est inférieur à la moyenne de l’OCDE, mais il est supérieur en fin de carrière (51 560$ pour un professeur de lycée à l'échelon maximal contre 49 721 en moyenne, mais 67 000 en Belgique, 76 400 en Allemagne, près de 60 000 en Espagne, et plus de 128 000 au Luxembourg !). Ils gagnent en France entre 20 et 27 % de moins qu'un autre diplômé de l'enseignement supérieur, contre 18 à 10 % en moyenne OCDE.
Dans l'Hexagone, le nombre d'enseignants du secondaire a diminué de 8 % entre 1990 et 2010. La France souffre-t-elle d'une "crise des vocations" dans ce domaine? Pour E. Charbonnier, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. "Certans pays, comme l'Italie ou l'Allemagne, vont faire face à des difficultés pour remplacer les professeurs à la retraite. En France, les signes sont positifs: les enseignants sont relativement jeunes par rapport à la moyenne en Europe."
Les enseignants français de l'école primaire sont un peu plus jeunes en moyenne que leurs collègues de l'OCDE, puisqu'ils sont 49 % à avoir moins de 40 ans (contre 42 % en moyenne). Cependant, au collège, ils ne sont plus que 35 % (contre 39 %) et au lycée 33 % (contre 35 %).
La France est aussi l'un des pays où le taux d'enseignants du secondaire âgés de moins de 30 ans est le plus faible, à 8% environ. Dans l'étude menée par l'OCDE, seuls huit pays font moins bien: la Finlande, la Suède, la Slovénie, l'Espagne, la République Tchèque, l'Allemagne et l'Italie. En primaire, ce taux dépasse les 10% mais reste inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE.
DEPENSES. En 2009, "les pays de l’OCDE ont consacré, en moyenne, 6,2 % de leur PIB au financement de leurs établissements d’enseignement contre 6,3 % pour la France. Ce pourcentage est supérieur à 7 % en Corée, au Danemark, aux États-Unis, en Islande, en Israël et en Nouvelle-Zélande", mais, font remarquer les experts de l'organisation internationale, "les dépenses par élève du secondaire sont 15 % plus élevées en France que la moyenne de l’OCDE, tandis que celles du primaire sont inférieures de 17 %".