Méthodes de lecture : une recherche pour éteindre la "guerre"
Paru dans Scolaire le samedi 08 septembre 2012.
Comment "éteindre la guerre des méthodes de lecture" ? Roland Goigoux (université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand) vient de déposer un projet de recherche auprès du ministère de l’Éducation nationale, sur "les pratiques d’enseignement de la lecture et de l’écriture". Il s'agit d'étudier "les pratiques effectives" des enseignants au CP (cours préparatoire) dans un premier temps, et non pas de démontrer la supériorité d'une méthode, nouvelle ou non. Répondant aux questions du SNPI-FSU (syndicat des inspecteurs), le chercheur précise : "nous nous efforcerons seulement d’identifier les caractéristiques des pratiques qui s’avèrent les plus efficaces et les plus équitables."
Il prend garde de distinguer les pratiques et les méthodes : "Nous faisons l’hypothèse qu’elles présentent des traits communs qui ne coïncident pas avec les typologies classiques", autrement dit, deux enseignants qui utilisent des méthodes très différentes peuvent avoir, en réalité, des pratiques très proches. De plus, "aucune étude comparative des 'méthodes' de lecture n’a permis d’établir la supériorité de tel dispositif méthodologique sur tel autre", la variable "méthode" est "trop grossière et mal définie". Il faut donc "dépasser les déclarations de principes pour entrer dans le détail des pratiques concrètes" et se demander quand et comment est étudié le "code alphabétique", quelles sont les procédures mises en oeuvre pour l’identification des mots, quel enseignement pour la compréhension des textes, pour la production d’écrits, quel temps est consacré à ces tâches, quelle est la part de l'enseignement explicite, quelles activités "métalinguistiques" sont proposées, quelles sont les modalités "de différenciation pédagogique".
Le projet est porté par "un collectif de chercheurs issus des sciences du langage, de la didactique du français, de la psychologie cognitive, de la littérature et des sciences de l’éducation" constitué dans le cadre d’une mission qu’a confiée à R. Goigoux l’IFé (Institut français de l’Éducation). Ils viennent des universités Clermont-II, de Paris-VIII et Paris-XII, de Rouen, de Rennes-II, de Bretagne-Ouest, de Lorraine, de Lyon, Nantes, Cergy-Pontoise, Toulouse-III, Bordeaux-III et IV, Grenoble-III, Montpellier-II et III, Lille-III.