La "morale laïque" n'est pas l'ordre moral (V. Peillon au JDD)
Paru dans Scolaire le dimanche 02 septembre 2012.
Vincent Peillon va nommer "une mission de réflexion" sur la "morale laïque" et lui fixe plusieurs objectifs, explique-t-il ce 2 septembre dans le Journal du dimanche : "qu'il y ait une cohérence depuis le primaire jusqu'à la terminale, que cet enseignement soit évalué, qu'il trouve un véritable espace" et que ces questions soient "enseignées à tous les professeurs". Il précise que cette "morale laïque" est "plus large" que l'instruction civique, puisqu'elle "comporte une construction du citoyen avec certes une connaissance des règles de la société, du droit, du fonctionnement de la démocratie, mais aussi toutes les questions que l'on se pose sur le sens de l'existence humaine, sur le rapport à soi, aux autres, à ce qui fait une vie heureuse ou une vie bonne". Il ajoute qu'il revient à l'école républicaine de dire où est "le bien et le mal, le juste et l'injuste", faute de quoi "d'autres" le feront.
Cette morale implique "une relation de respect" des enseignants à l'égard des élèves et une autorité "qui se fondent sur des qualités morales et intellectuelles", mais aussi sur le respect que la société leur doit.
En ce qui concerne la laïcité, dont certains pensent qu'elle est "contre les religions", ou qu'elle est "simplement tolérance" ou un ensemble "de règles de coexistence", le ministre de l'Education nationale évoque une "laïcité intérieure", "un rapport à soi qui est un art de l'interrogation et de la liberté", et qui suppose "un effort pour raisonner, considérer que tout ne se vaut pas, qu'un raisonnement n'est pas une opinion". Il fait référence à la "morale commune" de Jules Ferry, ou aux textes du Conseil national de la Résistance, qui réunissait des gaullistes et des communistes, et qui portent "une conception de la solidarité sociale, de l'universalisme". Il récuse tout amalgame avec "un ordre moral figé" et vante "la politesse".