Du bon et du mauvais usage des évaluations (Diversité-Ville-Education, CNDP)
Paru dans Scolaire le lundi 30 juillet 2012.
L’évaluation du système éducatif fait problème dès lors qu’elle intervient après l’annonce d’objectifs chiffrés et qu’elle n’a pas l’indépendance nécessaire pour effectuer son travail correctement. C’est le constat qui ressort du numéro 169 de la revue Diversité-Ville-Education (CNDP) intitulé "La pression évaluatrice".
Ce numéro débute par un entretien avec Jean-Claude Emin. L’ancien sous-directeur de la DEPP (direction des statistiques du Ministère de l’éducation) y souligne notamment que "la volonté de mettre en place un pilotage par les résultats des politiques publiques (la 'nouvelle gestion publique') s'est traduite par le fait que des objectifs chiffrés sont de plus en plus associés aux moyens financiers mobilisés par ces mêmes politiques publiques." De ce fait, "les résultats des évaluations qui apprécieront le degré d'atteinte de ces objectifs deviennent des enjeux politiques très forts; ils le deviennent d'autant plus que les politiques conduites ou les valeurs qui les sous-tendent sont contestées, voire contestables. (...) Étant donné ces enjeux, on peut
sans doute aller jusqu'à dire que l'objectif de l'évaluation devient, alors, moins d'éclairer les décisions et, si besoin, d'infléchir l'action – autrement dit de piloter – que de justifier a posteriori les décisions prises et les politiques suivies. On sait qu'aujourd'hui (avril 2012, ndlr) certaines évaluations réalisées par la DEPP ont été mises sous embargo lorsqu'elles auraient pu conduire à discuter et remettre en cause la politique [qui était alors menée]. On sait aussi que les évaluations que le ministre Luc Chatel met en avant comme l'indicateur pertinent pour juger des résultats de sa politique ne sont plus réalisées par la DEPP, mais le sont sous l'égide de la Direction générale de l'enseignement scolaire (Dgesco), qui se trouve ainsi être juge de la politique qu'elle détermine et conduit. Ces évaluations sont d'ailleurs quasi unanimement considérées comme non fiables."
Ce numéro accueille notamment un article qui montre les divers sens prêtés par les nombreux acteurs (chercheurs, politiques, organismes internationaux, parents) à la notion de "qualité de l'éducation" (Elisabeth Chatel, INRP-STEF-ENS Cachan); les effets de PISA sur la politique française d'évaluation en éducation (Xavier Pons, Science-Po); et les problèmes méthodologiques que pose l'évaluation du système éducatif : définition des termes, objectifs pluriels des enquêtes... (Choukri Ben Ayed, GRESCO); Anne Armand (IGEN) s'inquiète du bon usage de l'évaluation en éducation prioritaire.
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Le sommaire du n°169 de la revue Diversité-Ville-Education ici