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Dispositifs relais : des zones d'incompréhension (travail de recherche)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mercredi 25 juillet 2012.

"Ca abaisse l’enfant, ça m’abaisse moi." Deux chercheurs, Mathias Millet et Daniel Thin, ont recueilli les paroles, et reconstitué la logique des parents confrontés à la prise en charge de leur enfant dans des dispositifs relais. Pour ces familles, parfois "sans ressources stables et sans emploi", l’entrée d’un enfant dans un dispositif relais "trace une frontière institutionnelle objective entre leurs enfants et les 'vrais' collégiens", comme d'ailleurs d'autres dispositifs dérogatoires au statut scolaire commun, CLIS et SEGPA... "Le dispositif relais représente [alors] un pis-aller, évitant les risques de la rue, d’une dégradation supplémentaire de la scolarité", et il apparaît comme "une aide de dernier recours". C'est aussi "une mise entre parenthèses" des conflits avec les enseignants et l'occasion de rencontrer des personnels susceptibles de leur apporter une aide personnelle. "Les parents dont l’histoire a été la plus affectée par les malheurs sociaux, les déboires institutionnels, les conflits intrafamiliaux, peuvent ainsi s’accrocher au cadre moins impersonnel et moins formalisé du dispositif relais". 

Mais parfois, à l'inverse, on leur rappelle "les sanctions prévues en cas de manquement à l’obligation scolaire". On peut même les menacer de perdre leur RMI ! "Les parents sont sommés de transformer leurs pratiques ou sont renvoyés à la responsabilité de leurs pratiques éducatives dans les difficultés de leur enfant." Les malentendus sont nombreux. Certains, en entendant le mot "apprentissage", s'imaginent que leur enfant va entrer dans un centre d’apprentissage. Mais surtout, ils prennent progressivement conscience "de la coloration socioéducative" de beaucoup des activités mises en place. Elles leur apparaissent "comme une perte de temps scolaire qui, loin d’être réparatrice des retards scolaires, risque de les aggraver". Leurs enfants s'amusent au lieu de travailler. Et, au bout du compte, l'orientation qu'on leur propose "constitue une épreuve de renoncement au cours de laquelle ils voient se réaliser l’envers de leurs aspirations".

Les deux chercheurs rappellent que ces dispositifs, d'abord expérimentaux, "ont été pérennisés et se sont multipliés" et qu'ils mobilisent des enseignants, "des éducateurs de prévention et de la protection judiciaire de la jeunesse, des assistantes sociales, parfois des psychologues ou des médecins, des animateurs d’associations d’éducation populaire".

Millet Mathias et Thin Daniel, "L'ambivalence des parents de classes populaires à l'égard des institutions de remédiation scolaire. L'exemple des dispositifs relais", Sociétés contemporaines, 2012/2 n° 86, p. 59-83. DOI : 10.3917/soco.086.0059, disponible en ligne ici

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