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Cyberharcèlement et climat scolaire : les premières données de l'enquête de C. Blaya

Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 02 juillet 2012.

 Lorsqu'il s'agit "d'éduquer au numérique", les professeurs offrent surtout un soutien technique. Ils expliquent comment trier l'information ou bloquer un site indésirable. "Beaucoup moins interviennent en cas de problème de harcèlement ou mènent un travail de prévention contre la violence sur la toile." Pour Catherine Blaya, professeur en sciences de l’éducation, il est urgent de faire évoluer ces comportements. Intervenant dans le cadre de la conférence internationale sur le cyberharcèlement (voir ToutEduc ici), la co-fondatrice de l’Observatoire de la violence à l’école a rappelé l'importance de ce phénomène "sur lequel il existe trop peu de recherches universitaires".

Si l’on se réfère aux résultats de l’étude EU Kids online (2011), les intimidations hors ligne semblent plus fréquentes que les menaces sur Internet : seuls 6% des 9-16 ans ont reçu des messages agressifs ou blessants en ligne et 3% en ont envoyé eux-mêmes. Pourtant, plusieurs études menées par C. Blaya soulignent l’ampleur du phénomène. Dans une enquête menée en 2011 auprès de 6 collèges français, ¼ des jeunes interrogés avaient été victimes de cyberviolence. D’après les données provisoires d’une étude en cours, menée sur plus grande échelle (17 collèges et 5 lycées), "38% des élèves disent avoir eu une attitude insultante, agressive ou désagréable envers un pair en ligne".

Augmentation du sentiment d'insécurité à l'école

Les victimes de tels actes sont majoritairement des filles, et leur nombre augmente avec l'âge et la situation économique des parents. C. Blaya remarque ainsi "une plus grande propension à se déclarer victime chez les enfants des classes moyennes et supérieures", alors même que "ceux des classes inférieures sont moins nombreux à se dire surveillés par leurs parents". En revanche, le nombre d'enfants déclarant avoir déjà agressé ou insulté un camarade en ligne ne varie pas significativement avec l'âge, le sexe ou la catégorie sociale.

Lorsqu'ils sont victimes de cyberviolence, les enfants demandent d'abord de l'aide "aux camarades ou aux parents". Les personnels des établissements scolaires viennent en dernier lieu.

Pourtant, les établissements scolaires sont directement affectés par ce qui se passe sur la toile. Dans une enquête menée en 2011, la chercheuse a étudié l'impact de la cyberviolence sur le climat scolaire. Les élèves victimes de cyberviolence ont ainsi tendance à se sentir moins à l'aise avec les autres élèves, voire les professeurs. Lorsque la violence s'aggrave et devient harcèlement, la "peur d'aller à l'école" se développe. "L'augmentation du sentiment d'insécurité dans l'établissemrent et dans le quartier est significativement corrélée avec le fait d'avoir été victime de cyberharcèlement à trois reprises ou plus", souligne C. Blaya.

Moins de harcèlement sur les réseaux sociaux

Cette relation entre climat scolaire et environnement numérique est d'autant plus nette que les victimes de cyberharcèlement et de harcèlement "en face à face" sont souvent les mêmes. "On associe souvent le numérique à des pratiques 'sans visage', mais l'anonymat des utilisateurs ne veut pas dire que l'agresseur et la victime ne se connaissent pas", précise C. Blaya.

D'autant plus que le média privilégié du cyberharcèlement reste le téléphone portable, selon les données provisoires d'une enquête en cours. Sur les 37 % d'élèves se disant victimes de cyberviolence, plus de la moitié l'ont été via un téléphone mobile. Le mail n'est plus un outil très utilisé. Plus étonnant, en dépit de leur succès parmi les jeunes, les réseaux sociaux sont faiblement investis par les harceleurs. Si 36 % des jeunes déclarent avoir déjà été "choqués" par leur contenu, seuls 4,5 % des élèves interrogés disent avoir subi une agression sur ces sites. Quel que soit le moyen utilisé, lorsque les agresseurs ont eux-mêmes été victimes de violence, ils reproduisent souvent la méthode qu'ils ont subie. "Les agresseurs sont agressés comme ils agressent, sans que l'on sache dans quel sens s'établit la relation de cause à effet."

Le "danger" des réseaux sociaux est peut-être réduit par la conduite responsable des jeunes. Selon C. Blaya, les jeunes français développent moins de pratiques "à risque" que leurs homologues européens. 21% d'entre eux possèdent un profil "public", c'est-à-dire consultable par tous, contre 26% des jeunes Européens. Seuls 8% des 11-16 ans donnent accès à leur adresse et leur numéro de téléphone, soit deux fois moins que la moyenne européenne pour cette tranche d'âge.

Précocité

En revanche, les jeunes Français prolongent plus facilement des conversations anonymes dans un rendez-vous en face à face : 12 % ont déjà accepté de rencontrer des inconnus, contre 9 % des jeunes Européens.

Cette tendance interpelle au regard de l'âge des utilisateurs des réseaux sociaux. Alors qu'il faut légalement avoir plus de 13 ans pour créer un profil sur un réseau social, près d'un enfant de moins de 13 ans sur cinq a un compte Facebook, d'après l'étude EU Kids online (2011). Cette proportion s'élève à près de 40 % pour les 11-12 ans. Ces pratiques semblent normalisées, puisque la quasi-totalité des parents sont au courant (99 %), sans qu'il soit possible de déterminer si cette tolérance est liée à une méconnaissance des dangers ou à un meilleur encadrement.

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