Carte scolaire : une certaine unanimité au Sénat pour en condamner l'assouplissement
Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 27 juin 2012.
Le bilan "apparaît mitigé", estime l'UMP dans sa contribution au "rapport d'information" sénatorial sur "l'assouplissement de la carte scolaire". Verbalement, Pierre Bordier va plus loin, et reconnaît "un diagnostic partagé", même si "quelques points" de divergence sur les mesures à prendre justifient l'abstention de son groupe lors du vote sur la rapport de Françoise Cartron (sénatrice socialiste), qui a été publié et présenté ce 27 juin.
Cette mission a été lancée au mois de janvier, "parce qu' [elle] n'obtenai[t] pas de réponse du ministère à [ses] questions autre que '100 % des parents qui ont eu une dérogation sont satisfaits' !". Elle fait le constat des effets pervers de cette réforme, qui a renforcé la stigmatisation de certains établissements. Le privé a joué "le rôle de bouée de sauvetage" pour des parents qui ne comprenaient pas que leurs demandes de dérogation soient refusées alors qu'on leur avait annoncé qu'ils avaient le choix de l'établissement de leur enfant. Certains établissements se sont retrouvés avec 70 % d'enfants de "CSP+" tandis que d'autres avaient 70 % d'élèves de milieux très défavorisés. La sénatrice dénonce le jeu des options, et se demande si le choix d'une langue "rare", le russe et le japonais par exemple, qui attire 30 élèves en seconde, mais que seuls 5 élèves présentent au bac, correspond bien à un intérêt pour une culture lointaine...
Consciente qu'il n'est pas possible de revenir à la situation antérieure, la mission propose que la carte soit rétablie avec des secteurs élargis, comportant plusieurs établissements, et que les élèves y soient affectés en fonction de leurs voeux, mais aussi d'un nombre de points qui leur seraient attribués selon la proximité de leur domicile, leur éventuel handicap, leur quotien de bourse ou leur quotien familial (pour éviter les effets de seuil), mais pour lesquels les options n'entreraient pas en ligne de compte. Une mutualisation des options entre établissement d'un même secteur et l'utilisation de la visio-conférence permettraient d'ailleurs de réduire leur attrait comme moyen de contournement de la carte.
Elle ajoute que "l'hétérogénéité est source de réussite", mais qu'il faut développer une pédagogie de la mixité sociale auprès des parents. L'UMP estime que les propositions de la rapporteure sont "excessives", l'ancienne majorité aurait notamment souhaité que "les élèves méritants" puissent se voir proposer de quitter leur quartier, au nom d'une politique favorisant "l'excellence".
Le rapport est présenté sur le site du Sénat, ici.