L'évaluation des compétences est "un processus complexe" (dossier de l'IFé)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 26 juin 2012.
La plupart des acteurs des systèmes éducatifs s'interroge sur l'évaluation des compétences, qui crée un climat "plutôt anxiogène" en France où "l'on accepte mal l'absence de certitudes, les tâtonnements et le bricolage pédagogique". Le dernier "dossier d'actualité" de l'IFé (Institut français de l'éducation) est consacré au "défi de l'évaluation des compétences" ; il dresse un tableau des difficultés conceptuelles liées à cette question, et fait une large place à la situation créée par le "socle commun" et "la loi Fillon" de 2005, dont "le pilotage politique n'a été assuré que par intermittence".
Si l'on admet que "l'élève compétent est celui qui est capable de résoudre des tâches complexes et inédites, il ne s'agit pas d'ajouter "un savoir-faire et un savoir-être à des savoirs", mais pour l'élève, de savoir ce qu'il sait et comment il le sait. L'auteur de ce dossier relève une tension entre "l'apprentissage pour l'action" qui privilégie la coopération des élèves, et "l'apprentissage scolaire traditionnel", qui respecte un cheminement ordonné et rigoureux dans un champ disciplinaire donné. Se pose aussi la question de l'évaluation. Si une compétence s'évalue dans un contexte inédit, elle "ne peut faire l'objet d'un enseignement préalable" et cela risque fort de ratifier "avant tout les inégalités préexistantes entre élèves".
L'auteur du dossier, Olivier Rey, souligne que "le socle commun met en scène des compétences qui ne méritent pas toujours cette appellation", que les sept piliers "ont été mis en place et ont fonctionné de façon relativement désordonnée", que le programme de 2008 n'a pas été conçu en cohérence avec le socle, que certaines des compétences figurant dans le livret ne figurent pas dans les grilles de références... D'autres, "dont la portée est très générale, peuvent être considérées aussi bien comme des compétences de base qui doivent être acquises à la fin du primaire ou des compétences clés dont l'objectif de maîtrise est, au mieux, la fin de la scolarité obligatoire". Pour les enseignants du primaire, renseigner le livret est "un problème professionnel souvent insurmontable", tandis qu'au collège, "la tension est tôt apparue entre le maintien du brevet et la délivrance d'une attestation de maîtrise de connaissances et de compétences". Et Olivier Rey cite François-Marie Gérard, pour qui "le moins que l'on puisse dire est que l'évaluation par situations complexes est un processus complexe qui présente beaucoup d'embûches pour l'enseignant désireux de s'y lancer". Mais il montre aussi que l'évaluation traditionnelle des connaissances pose des problèmes tout aussi lourds.
Le dossier peut être téléchargé ici.