Soutien scolaire : naissance d'un secteur "low cost"
Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 25 juin 2012.
Magali Toullieux lance "Ma Deuxième École.com", une "web-école" pour apprendre "à son rythme sans se ruiner". C'est ainsi qu'un cours de maths en 6ème revient à 80 € pour 15 heures de cours vidéo auxquels peuvent s'ajouter, moyennant 80 € de plus, des "exercices interactifs" et des "activités collaboratives". Cette spécialiste de la finance, ancienne élève de l'EDHEC, estime que "les cours de soutien scolaire (...) restent encore trop chers" puisqu'ils représentent un "budget moyen de 1 400 euros pour une année scolaire complète". Après les mathématiques viendront "le français, et bien d’autres matières, toujours pour le collège".
ToutEduc : Pourquoi passer de la finance au soutien scolaire ?
Magali Toullieux : J'ai effectivement une formation contrôleur financier, j'ai passé 10 ans dans un cabinet d'audit et, ensuite, chez L'Oréal, j'ai assuré beaucoup de formations aux normes. Puis j'ai passé 5 ans sans faire de formations et je me suis aperçu que cela me manquait et que j'avais une vraie compétence dans le domaine. De plus, je viens d'un milieu modeste, et je connais l'importance de l'école. Or, avec la crise, on dit que "l'ascenseur social" est bloqué. J'avais cette interrogation, cette compétence, une soeur qui fait de la réalisation et qui a un long-métrage en cours, un ami prof de maths, une culture de l'image et du son, la conviction que la télévision peut être le socle du développement, qu'on peut donner un coup de pouce, dépoussiérer la pédagogie, créer un outil qui corresponde aux usages de la nouvelle génération, celle du multimédia, de la vidéo, des forums, des tchats...
ToutEduc : En quoi votre site se distingue-t-il des autres ?
Magali Toullieux : C'est un vrai prof de maths qui est à l'écran. Le cours de 6ème est découpé en 28 épisodes d'une 1/2 h chacun, avec des clips, un générique... De plus, à partir d'octobre, au moins une fois par semaine, l'élève bénéficiera du "coaching" asynchrone d'un enseignant qui verra tous les exercices qu'il a faits, qui pourra répondre à ses questions, attirer son attention sur telle ou telle notion qu'il n'aurait pas assimilée...
ToutEduc : Indépendamment de la question pécuniaire, pourquoi des enseignants viennent-ils travailler avec vous ? Et vous, quelle est votre motivation profonde ?
Magali Toullieux : Je travaille donc avec 4 professeurs de mathématiques de l'enseignement public, dont deux qui écrivent les cours et les exercices. Cela leur permet de tester de nouveaux types d'enseignement, d'explorer toutes les possibilités des tableaux numériques... Et moi, je veux pousser au développement de l'école numérique. Savez-vous qu'aux USA, on considère de plus en plus que l'on travaille la théorie à la maison, et qu'on vient à l'école pour faire les exercices ?
ToutEduc : C'est l'exact inverse de la culture française... Avez-vous les moyens de retourner l'opinion commune ?
Magali Toullieux : Je compte arriver au seuil de rentabilité d'ici trois ans. Je pars avec un capital, en grande partie personnel, de 100 000 €, et j'ai deux investisseurs qui peuvent me soutenir la deuxième année. Il faudra sans doute que j'en trouve d'autres pour tenir encore un an. Depuis le lancement du site le 20 mai, j'ai eu plus de 4 000 visiteurs, une soixantaine de parents ont demandé une information complémentaire, et j'espère avoir 150 élèves cet été, des enfants qui passent en 5ème et qui auront besoin de réviser.
Je mise surtout sur le fait que notre système s'adapte au rythme de l'élève, celui qui est moins mature peut revenir sur les bases, reprendre un épisode du feuilleton, et celui qui aime les maths, qui s'ennuie en classe, peut anticiper, aller plus loin.
ToutEduc : Êtes-vous d'accord pour parler de soutien scolaire "low cost"?
Magali Toullieux : Pas vraiment. Vous avez des systèmes de soutien scolaire sur internet peu coûteux ou même gratuits, comme celui de la MAIF, mais ce sont pour l'essentiel des cours numérisés. Nous, nous avons un vrai travail de réalisation vidéo et des exercices interactifs, qui coûtent cher à produire. Mon modèle est plutôt la Khan academy américaine.
Une démonstration est accessible sur le site de l'entreprise, ici.