Décrochage : un plaidoyer pour l'action régionale (Fondation Jean Jaurès)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 22 juin 2012.
"Le décrochage scolaire n’est pas un phénomène naturel et inévitable", mais le combattre suppose de "s’intéresser aux familles, aux conditions sociales, au temps et conditions de trajet, au parcours antérieur de la personne, à ses autres formes de socialisation" et c'est la Région qui constitue l'échelon pertinent pour organiser cette action. C'est la thèse soutenue par Guillaume Balas dans un essai, "Lutter contre le décrochage scolaire", publié par la Fondation Jean Jaurès.
Adoptant un ton très personnel, l'enseignant, président du groupe socialiste au Conseil régional d'Île-de-France, reprend sans les contester les chiffres de Luc Chatel : "Entre juin 2010 et mars 2011, 254 000 jeunes décrocheurs ont été recensés. 72 000 d’entre eux sont aujourd’hui suivis par le réseau des missions locales, mais 180 000 sont 'perdus de vue' et sans diplôme". Mais il ajoute que "personne n’est aujourd’hui en mesure de donner une image globale du décrochage scolaire en Ile-de-France. Les études foisonnent mais elles sont souvent parcellaires, cantonnées à un territoire ou à une population."
S'il est vrai que "combattre le décrochage scolaire est à la fois un projet pédagogique, éducatif et social", puisqu'il est multifactoriel, il faut "inventer une nouvelle conception de l’action territoriale", en partant d'un diagnostic fin : "quels sont les territoires les plus touchés ? Quelles sont les causes réelles du processus de décrochage ? Qui sont les acteurs ? Où agissent-ils ? Comment ? Quels sont les espaces les plus démunis en termes d’action publique ou associative ?" Il faut mieux identifier les "nombreux dispositifs" qui participent à cette lutte, dont les écoles de la deuxième chance, les microlycées, les missions locales...
Cet essai vient en prélude aux "Assises régionales de lutte contre le décrochage scolaire" que la Région organise à l’automne 2012 pour permettre "aux collectivités locales, au monde enseignant, aux représentants des élèves et des parents, aux professionnels de l’action sociale, aux associations et, bien sûr, à l’Education nationale d’aborder ensemble la question". Les réponses au décrochage scolaire "doivent être pensées de manière transversale" et si l’Etat doit être "le garant du suivi des orientations et des programmes nationaux", il ne doit "aucunement freiner les initiatives des collectivités territoriales dans le développement de leurs propres compétences". La Région peut en effet travailler "sur toutes les étapes du décrochage", faire de la prévention, intervenir "pendant la prise de distance effective de l’élève" et faire du soutien à la parentalité, et lors du "retour en formation". Elle est "proche des diversités territoriales", mais elle a aussi "la distance qui s’impose pour définir un intérêt général".
L'essai est téléchargeable sur le site de la Fondation, ici.