Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Constante macabre : la question n'est pas "notes ou pas notes"

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 21 juin 2012.

"Il faut redonner confiance aux familles en la capacité de l'Ecole à promouvoir la réussite de tous les élèves" alors que notre système éducatif est confronté à "une crise de confiance majeure", déclare Bruno Julliard. Le conseiller de Vincent Peillon chargé de la préparation de la loi d'orientation, représentait le ministre de l'Education nationale pour l'ouverture de la journée organisée par le "Mouvement contre la constante macabre". Fondé par André Antibi, il lutte contre cette loi mathématique qui veut que, quel que soit le niveau de la classe, un certain nombre d'élèves aient des mauvaises notes. La journée organisée ce 21 juin, se situe en plein débat sur la pertinence des notes sur 10 ou sur 20. Si certains, comme Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE, sont partisans de leur suppression, le sentiment général était que la question n'était pas là. Pour Bruno Julliard, il est clair que les questions d'évaluation seront au coeur du travail à faire pour "revoir en profondeur le fonctionnement du système éducatif", mais il rappelle que "l'évolution de l'opinion publique à ce sujet n'est pas évidente".

Pour André Antibi d'ailleurs, le mot clé n'est pas "évaluation", mais "injustice". Il évoque la souffrance de l'élève qui a travaillé, et à qui, le jour de l'examen, on pose une question qui est à la limite du programme. Un enseignant fait d'ailleurs remarquer que lorsque cela arrive au baccalauréat, non seulement les candidats perdent confiance dans leurs enseignants qui ne les ont pas préparés à l'épreuve, mais les enseignants perdent confiance dans l'institution. Pour le promoteur du mouvement, cette constante qu'il a mise en évidence "pourrit le système", mais s'y attaquer constitue, pour chaque enseignant, "une remise en cause profonde de son métier". Il faut lui donner des exemples dans lesquels il se reconnaisse pour le convaincre qu'il subit effectivement une pression sociale qui lui interdit de ne mettre que de bonnes notes. Mais ensuite, à 99 %, ils en sont convaincus. Et pour lui, on est "très près du but", on peut arriver à s'en débarrasser et à organiser un enseignement par "contrat de confiance", les élèves sachant sur quoi va porter l'interrogation. Cela "n'a rien à voir avec la notation". Philippe Joutard, ancien recteur, ajoute d'ailleurs qu'on peut avoir "une compétence macabre", et plusieurs orateurs disent que les "points rouges ou verts" des livrets de compétences ou tout autre système peut jouer ce même rôle désespérant si on ne réfléchit pas au sens même de l'évaluation.

Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, estime qu'elle n'a de sens "que si elle est partie intégrante du processus d'apprentissage", et qu'il faut "rompre avec la culture de l'évaluationnite", un système qui permet la mise en concurrence de tous contre tous, les élèves et les établissements, et fondé sur la conviction que l'évaluation permet la sélection des meilleurs, souligne pour sa part Isabelle This-Saint-Jean, vice-présidente du conseil régional d'Ile-de-France. Philippe Roederer, inspecteur responsable d'une circonscription où "l'évaluation par contrat de confiance" se met en place, et Corinne Croc, qui l'utilse dans ses classes de lycée, racontent quels bouleversements cela induit. "Il faut être soutenue" dit-elle, tout en soulignant les avantages qu'elle y trouve.

Sont signataires de l'appel contre la constante macabre les associations de parents d'élèves (FCPE, PEEP, UNAPEL et FAPEE*), le SGEN-CFDT et la FEP-CFDT, l'UNSA-Education et le SE ainsi que le SNPDEN (chefs d'établissement) et le SIEN (inspection), la FSU avec le SNUIPP (premier degré) et plusieurs autres syndicats, mais pas le SNES, l'UNEF, l'UNL et la FIDL, les directeurs diocésains, les syndicats de directeurs d'établissements privés, plusieurs mouvements pédagogiques (dont les CEMEA, le CRAP, Education & Devenir, le GFEN, la Ligue de l'enseignement), deux conseils généraux (Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne), ATD Quart Monde, l'AFEV, la JEC, la JOC...

Le site du MCLCM, ici.

* Parents d'élèves à l'étranger

 

 

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →