Architecture scolaire : du bâtiment de briques rouges aux espaces modulables (IFé)
Paru dans Scolaire le mardi 05 juin 2012.
"Les différents acteurs et usagers de l'espace scolaire sont aujourd'hui convaincus des alliances complexes mais nécessaires entre architecture, pédagogie, urbanisme, économie et politique", estime Marie Musset dans le dernier "dossier d'actualité" de l'IFE consacré à l'architecture scolaire. C'est le produit d'une longue évolution.
Les lycées de centre-ville se sont d'abord installés "dans les prestigieux locaux des anciens collèges des congrégations religieuses", signe que l'Etat "porte l'instruction des futures élites". Les communes doivent financer la construction des écoles primaires selon les projets du ministère. Les bâtiments sont organisés "autour des maîtres mots ordre et discipline". A partir des années 50, la massification s'accompagne de la standardisation, "au risque d'une certaine pauvreté architecturale". Mais le XXème siècle est aussi marqué par la création d'écoles de "plein air", en Californie notamment. "La réflexion sur l'espace scolaire scolaire est renouvelée aux Etats-Unis et dans les pays nordiques par les pédagogies nouvelles" tandis qu'en France, Michel Foucault souligne la proximité architecturale "entre la prison, la caserne et le lycée". Nouvelle révolution avec les technologies digitales dont "l'avancée frénétique" amène à penser des espaces "très modulables".
L'architecture apparaît comme le troisième éducateur des enfants, avec l'enseignant et la famille. "L'espace fait partie des éléments qui participent à la réussite du plus grand nombre d'élèves possible". Mais un bâtiment scolaire doit aussi pouvoir changer de fonction. "Les espaces doivent rester souples pour s'adapter à des usages futurs" ... et à des réformes qui vont plus vite que la construction. C'est notamment le cas pour la dernière réforme du lycée. A l'exigence de flexibilité des salles de classe s'ajoutent la convivialité des espaces d'accueil, et l'accessibilité de tous les locaux. "Polyvalents, les bâtiments doivent pouvoir accueillir des activités périscolaires et favoriser les interactions sociales entre des élèves d'âges différents." Les architectes travaillent avec les enseignants, mais aussi avec des architectes d'intérieur et des paysagistes...
Certaines collectivités "ont adodpté des politiques de standardisation des commandes", la consultation des usagers "aboutissant toujours à des frais supplémenaires jugés inutiles compte tenu de la rapidité de la rotation des équipes éducatives et des élèves". Mais les concepts nouveaux n'en marquent pas moins, dans de nombreux pays, les tendances actuelles. "La notion de bien-être commence à être prise en compte dans la plupart des systèmes éducatifs". En Grande-Bretagne, "l'école n'a plus à être un bâtiment imposant; elle doit au contraire se mettre à l'échelle des enfants", en Finlande, on pense à l'échelle de la maison... Au point qu'une maison pourrait devenir école ? que tout bâtiment pourrait devenir un lieu scolaire ?
Toujours est-il que la création d'agences spécialisées en lien avec des travaux de recherche en éducation et la mutualisation des ressources en ligne "peermettront de ne pas construire ou rénover pour demain avec des conceptions d'hier".
"De l'architecture scolaire aux espaces d'apprentissage : au bonheur d'apprendre ?", IFE, dossier n° 77, mai 2012. A télécharger sur le site de l'IFé, ici.