Le Cesdip-Cnrs fait le point sur les frictions des personnels pénitentiaires et éducatifs dans les établissements pour mineurs
Paru dans Justice le mercredi 16 mai 2012.
Les EPM (établissements pénitentiaires pour mineurs) ont-ils permis de "sortir" les jeunes condamnés de l’univers carcéral adulte susceptible d’endurcir et former de jeunes caïds ? Le CESDIP (Centre de recherches sur le droit et les institutions pénales) publie une étude comparant les différents établissements privatifs de liberté pour mineurs : les EPM, les QM (quartiers de mineurs en maison d’arrêt) et les CEF (centres éducatifs fermés). Pour la loi Perben de 2002, il s'agissait avec ces établissements spécifiques de réintroduire la dimension éducative. Les CEF ont ensuite proposé une intervention éducative plus précoce et alternative à l’incarcération pure et dures.
Les chercheurs, F. Bailleau, N. Gourmelon, P. Milburn ont mis en évidence le choc de deux logiques professionnelles, celle de l'administration pénitentiaire et celle de la Protection judiciaire de la Jeunesse, AP et PJJ. Ils insistent sur le décalage, non résorbé, entre la préoccupation quotidienne de la "contention", et celle du moyen terme nécessaire à l’éducatif, au projet, donc à l’ouverture. La recherche conclut à la nécessité d’une meilleure formation des personnels et à la prise en compte de ces enjeux par les deux directions centrales.
Quant aux CEF, ils développent une meilleure "pluridisciplinarité" et des liens avec la santé, l’Education nationale, les élus locaux..., mais ils bénéficient en cas de difficultés de la dissuasion que constituent les EPM et les QM, plus répressifs.
"Les établissements privatifs de liberté pour mineurs : entre logiques institutionnelles et pratiques professionnelles", téléchargeable (ici).