L'éducation prioritaire n'a pas encouragé l'innovation pédagogique (J-P de Gaudemar pour l'OZP)
Paru dans Scolaire le samedi 21 avril 2012.
L'éducation prioritaire a-t-elle favorisé l'innovation pédagogique ? A-t-elle permis le developpement de partenariats pour que l'école soit "le fer de lance" de l'action publique dans "les quartiers" ? Jean-Paul de Gaudemar vient de retrouver sa liberté de parole, et il en use sur le site de l'OZP. L'ancien directeur de l’enseignement scolaire rappelle que l'éducation prioritaire a 30 ans, et il fait le bilan des dix dernières années. Il estime que "le pilotage par les recteurs s’est affiné", et s'agissant des contrats d’objectifs, l'ancien recteur en fait l'éloge "lorsqu’ils ont pu être conclus après un travail sérieux de réflexion stratégique partagée". Il laisse entendre que cela n'a pas toujours été le cas, mais constate que, lorsque cela l'a été, "une action efficace et évaluable régulièrement a pu être conduite".
Mais "l’innovation pédagogique n’a pas suffisamment suivi ni précédé l’innovation organisationnelle", bien que "là où la difficulté scolaire est à ce point présente qu’elle conditionne tout, il [faille] absolument travailler autrement" : "rien ne doit être tabou, ni l’organisation de la classe, ni le temps scolaire, ni la définition des services…. Cette mise à plat innovante n’a pas été faite et pour le moins peu encouragée au niveau national (...)".
De plus, la volonté de recentrer la politique sur les établissements plutôt que sur les territoires a accentué "l’isolement de l’école au sein de quartiers déjà désertifiés par l’action publique" ou souligné "le manque de cohérence dans cette même action publique". J-P de Gaudemar propose de confier "aux recteurs le soin d’être les pilotes" de cette action publique.
L'universitaire constate encore que les chercheurs n'ont pas été incités "à se pencher sur ces questions", alors que leur implication peut promouvoir des changements "dans l’organisation et la conduite de la classe".
Le texte de J-P de Gaudemar, ici.