Le CIEP fait l'éloge des écoles rurales
Paru dans Scolaire le jeudi 12 avril 2012.
Les élèves d'une circonscription isolée de la Drôme ont des performances aux évaluations de CM2 supérieures aux moyennes départementale et nationale. Même s'ils ne sont pas "généralisables à la ruralité dans son ensemble", ces résultats donnent le ton du dernier numéro de la Revue internationale d'éducation (CIEP) consacré à l'école rurale. On y découvreun certain nombre d'invariants qui valent aussi bien en Finlande, en Argentine, en Chine, en Australie, en Afrique qu'en France, où cette école concerne finalement un nombre assez important d'élèves, plus d'un million pour le premier degré.
Partout, elle représente un surcoût, qui la fragilise, ou qui explique, en Afrique un manque dramatique de moyens. En France, le réseau "reste viable", selon l'expression de l'un des coordonnateurs du dossier, Pierre-Louis Gauthier, même s'il est menacé. D'autres pays, comme la Finlande, qui en a compris tout l'intérêt, font l'effort de la développer. Au Burkina-Faso, elle a permis de démontrer l'importance du bilinguisme. Son isolement peut être extrême: l'école d'Alice Springs en Australie compte 130 élèves pour un territoire grand comme trois fois la France... Et partout, les enseignants sont amenés à inventer, à innover. Alors qu'elles font l'objet d'une certaine stigmatisation, ces écoles sont "des endroits de la modernité", de démarches innovantes "transférables à l'ensemble du système éducatif", et à une école urbaine qui "n'évolue plus".
Parmi les facteurs qui expliquent, dans cette circonscription de la Drôme, son succès : des effectifs réduits, des classes multi-niveaux qui favorisent l'autonomisation des élèves, un maître unique qui assure la cohérence des enseignements. S'y ajoute l'inscription dans le milieu local, avec ses avantages, et ses inconvénients, le risque du localisme et l'absence d'ambition et de mobilité d'un certain nombre des jeunes issus de ces écoles. La confrontation avec les "néo-ruraux" crée de plus de nouvelles exigences.
Pierre-Louis Gauthier plaide pour la création, dans le cadre de la formation initiale des enseignants, d'une option "écoles rurales", comme en Finlande.
"Education et ruralité", Revue internationale d'éducation, n° 59 (avril 2012), 148 p., 15 €. Le site de la revue ici.