Les PRE (réussite éducative) doivent s'installer dans la durée (Antoine Anderson)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le jeudi 05 avril 2012.
Les différents candidats à la présidentielle ne semblent pas vouloir remettre en cause les PRE (programmes de réussite éducative) qui doivent à présent s'inscrire dans la durée, et dont l'efficacité doit être évaluée, qu'il s'agisse de leurs effets sur les enfants ou sur le fonctionnement des institutions. C'est, résumée, la conclusion du débat organisé hier, 4 avril, par l'OZP (Observatoire de l'éducation prioritaire) avec Antoine Anderson, consultant en politique de la Ville.
Celui-ci évoque la situation globale des PRE, après 7 ans de fonctionnement. "Les parcours personnalisés ont eu beaucoup de mal à se mettre en place, et un savoir-faire s'est progressivement créé", constate-t-il, ajoutant qu'à mesure qu'ils s'inscrivent dans la durée, ces programmes augmentent le nombre de leurs partenaires. La PJJ (Protection judiciaire de la Jeunesse) est d'ailleurs présente dans 17 % des cas. La question scolaire devient également moins prégnante. L'équilibre entre les actions collectives et les parcours individuels se modifie : il n'y a plus opposition, il s'agit de voir en quoi une action qui concerne tout un groupe peut enrichir le projet construit pour un enfant, ou une famille en difficulté, et notamment permettre que se joue la mixité, la rencontre avec d'autres...
Restent plusieurs questions. Quel est le rôle du PRE quand un enfant est inscrit sur la liste d'attente du CMPP (centre médico-psycho-pédagogique), mais ne peut être reçu avant plusieurs mois ? L'offre porte sur trois axes, le scolaire, notamment la prévention du décrochage, qui reste à construire, et la prise en charge des élèves temporairement exclus, le soutien aux parents et la santé mentale. Mais le rôle d'un PRE est-il de trouver des solutions spécifiques, ou d'orienter les familles vers des dispositifs de droit commun, et les diverses institutions qui sont là pour répondre à leurs besoins ?
Les responsables de PRE présents se demandent s'ils ne sont pas le plus souvent les "pompiers de service". Ils n'ont jamais rencontré de familles démissionnaires, mais dépassées par la situation, et perdues, avec à gérer des situations très lourdes. Il faut les orienter dans le "mille-feuille" des dispositifs d'aide existant, qui ont tous leur objet propre, et auxquels sont souvent associées des images négatives, inquiétantes...
Et ces professionnels posent encore trois questions sans réponse. Comment s'inscrire dans la durée quand, au début de chaque année, on se demande si les budgets seront reconduits ? Le sport et la culture, qui ne représentent déjà que 1 % des actions, et qui sont si importants pour aider les enfants et les jeunes à retrouver la confiance en soi, ne vont-ils pas être sacrifiés ? Comment développer la réussite éducative si l'Education nationale n'a plus pour ambition la réussite de tous ?
Tous les éléments de cette conférence-débat, notamment les données chiffrées, devraient être prochainement mises en ligne sur le site de l'OZP, ici.
Sur les PRE, voir aussi ToutEduc Réussite éducative: quels professionnels, pour quel travail avec les familles? (ACSE) et [#3132]. Les Cahiers pédagogiques devraient publier prochainement un dossier "PRE".