Qu'attendons-nous des enseignants de demain, et comment les recruter ? L'OCDE trace des pistes
Paru dans Scolaire le mercredi 14 mars 2012.
"Dans un monde qui change vite, il ne suffira pas de développer la même éducation qu'autrefois pour relever les défis de l'avenir". Les connaissances qu'il est le plus facile d'enseigner sont aussi celles qui sont le plus faciles à digitaliser. Ces deux constats fondent la démarche d'un rapport de l'OCDE sur la formation des enseignants et des chefs d'établissement pour le XXIème siècle. Les systèmes éducatifs doivent s'efforcer de rendre les individus capables d'apprendre tout au long de leur vie, et d'accéder à des formes de complexité qui restent inaccessibles aux ordinateurs. Ils doivent également pouvoir se situer et se resituer dans un univers mouvant.
Le rôle des chefs d'établissement est décisif. Ils devront adapter les programmes aux besoins locaux, promouvoir le travail d'équipe, et utiliser divers paramètres pour améliorer les méthodes d'enseignement. Ils devront aussi, estime l'OCDE, influer sur le recrutement des professeurs pour que leur profil coïncide avec les besoins. Ils devront enfin pouvoir construire des réseaux d'établissements.
De nombreux pays ont revu les programmes pour les élèves, afin de tenir compte de leurs besoins à venir, mais les attentes vis à vis des enseignants sont d'autant plus élevées. Ils doivent disposer de toute une palette d'outils, comprendre comment se font les apprentissages, travailler avec leurs collègues ou avec d'autres partenaires, et être capables de remettre en cause leurs pratiques... Tout cela suppose qu'ils aient accès aux résultats de la recherche en éducation, aux technologies proposées par les entreprises, aux méthodes utilisées par d'autres enseignants, et aux innovations inspirées par les élèves, les parents, l'environnement...
Reste à les recruter, et ... à les retenir ensuite, d'autant que les pays qui ont de très bons résultats et peu d'inégalités entre les établissements sont ceux qui attirent de très bons enseignants équitablement répartis, y compris dans les secteurs difficiles. La question est évidemment complexe, et à plusieurs dimensions. Il faut d'abord améliorer leur statut sur le marché du travail. Il faut aussi leur confier des responsabilités, donner l'image d'un métier épanouissant, y attirer des jeunes qui n'y pensent pas spontanément comme à un débouché possible. Leur formation initiale est également une donnée importante, mais leur formation continue plus encore.
Le communiqué de l'OCDE qui présente ce rapport souligne également que la pénurie d'enseignants est particulièrement sensible en Turquie, au Luxembourg, en Allemagne, à Shanghai-Chine et aux Pays-Bas. "Au cours de la dernière décennie, les salaires des enseignants ont augmenté en termes réels dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE. Il n’en reste pas moins que, si un enseignant jouit souvent d’une meilleure sécurité de l’emploi et de vacances plus longues, il ne gagne en moyenne, au bout de 15 ans de métier, que 80 % de la rémunération d’un individu âgé de 25 à 64 ans, diplômé de l’enseignement supérieur et employé à temps complet."
Le rapport, en anglais, "Preparing Teachers and Developing School Leaders for the 21st Century", à télécharger sur le site de l'OCDE, ici.