"Réussir à l'école, certes, mais y réussir quoi...?", le livre
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 06 mars 2012.
"Moi, il y a un truc qui m'a vachement changée, c'est le fait de ne plus mentir à l'école." Une ancienne du CLEPT (Collège-Lycée élitaire pour tous) de Grenoble, résume peut-être, avec ces quelques mots, la philosophie de cet établissement expérimental qui accueille des jeunes en rupture scolaire, et qui fonde la relation entre élèves et enseignants sur le respect mutuel. Pour fêter ses 10 ans, il a organisé un colloque les 19 et 20 novembre 2010 à l'IUFM de Grenoble, et a réuni quelque 350 personnes de tous horizons... Un livre qui en donne plus que les actes, et bien davantage, un écho, qui vient de sortir. A côté des témoignages d'élèves et d'enseignants, des chercheurs dégagent le sens d'une entreprise originale, même si elle vient après la création des lycées autogérés, et qu'elle a été continuée avec les "micro-lycées".
Jean-Yves Rochex (Paris-VIII) fait ainsi remarquer, à propos des autres établissements du second degré, que "l'approche gestionnaire" de la massification "a contourné les questions politiques centrales de la culture scolaire et de la démocratisation de l'accès aux savoirs". Ces questions sont posées dans cet ouvrage, et par l'expérience même de cet établissement où "un élève peut reprendre sa scolarité même après une longue interruption", comme le fait remarquer Philippe Meirieu (Conseil régional Rhône-Alpes) qui fait le lien, rarement évoqué, entre la formation initiale et la formation continue. Il faut aussi "que le collège [ou le lycée, ndlr] ne soit pas un lieu d'infantilisation" et permette "une vraie prise de responsabilité" des jeunes, ajoute un enseignant du Clept.
Guy Berger (Paris-VIII) faire remarquer que l'établissement est fondé sur "un double volontariat", celui des enseignants, "mais aussi le volontariat des élèves" qui manifestent leur "désir de reprendre l'école". Sans-doute veulent-ils passer et réussir un baccalauréat, mais ils accèdent aussi à l'autonomie. Il faut donc "saisir la signification politique et théorique" de cette expérience. Et pour Christiane Montandon (Paris-XII), l'expérience du Clept intervient dans une société dont les mutations sont telles que "les fins de l'éducation sont à redéfinir pour former des personnes autonomes", ce qui suppose "des bouleversements structurels".
"Réussir à l'école, certes, mais y réussir quoi...", collectif, Chronique sociale, 270 p., 17,80 €