Formation des enseignants: on sait ce qu'il faut faire... en Belgique
Paru dans Scolaire le lundi 05 mars 2012.
"Au sortir de la formation initiale, est-on un enseignant prêt à l’emploi ou un enseignant prêt à se construire ?" Cette question est au coeur de la réforme de la formation des enseignants que s'apprête à lancer la Belgique (Wallonie-Bruxelles). Et une universitaire, Véronique Degraef, s'est vu confier le soin de dresser un état des lieux et des problèmes. Le magazine Prof lui a demandé de résumer son rapport. En voici des éléments.
Beaucoup "estiment que si l’on veut améliorer la formation initiale des enseignants, la première chose à faire est de redéfinir ce métier particulier de manière précise, en tenant compte de ses finalités, des transformations du contexte social et institutionnel, et des conditions concrètes de travail (...)"
"À la vision d’un apprentissage qui s’effectue sur le temps long, par étapes, depuis l’entrée en formation initiale, durant les stages, ensuite au moment de l’entrée effective dans le métier et qui se poursuit éventuellement tout au long de la carrière, s’oppose une vision de l’enseignant sinon 'parfait', du moins suffisamment 'prêt à l’emploi' dès la sortie de sa formation. À priori pourtant, il semble entendu qu’il serait illusoire et contre-productif de prétendre former un enseignant prêt à l’emploi au terme de sa formation (...)".
"Le débutant doit être accompagné et soutenu, sans quoi tous les efforts fournis par la formation initiale (...) le sont en pure perte, avec un terrible sentiment d’échec d’abord pour le jeune qui quitte la carrière après y être à peine entré, mais aussi pour les formateurs (...)".
Les futurs étudiants sont demandeurs des ficelles du métier : "Cette demande de 'trucs' n’est pas un signe de paresse intellectuelle ou une recherche de facilité. C’est principalement un réflexe panique de jeunes gens dont on exige trop et trop vite (...)".
La transposition pratique des enseignements théoriques est "moins simple et moins binaire qu’il y parait et est peut-être une manière inadéquate d’aborder les choses (...) C’est l’étudiant comme être intellectuel global qui se forme comme médiateur entre des connaissances théoriques et l’expérience concrète du métier et, plus largement, de la vie (...)".
Autre problème, "une certaine méfiance à l’égard de tout projet de réforme. On en a tant connu ces dernières années ; elles ont généralement tant déçu ; il a été si difficile de les mettre concrètement en œuvre ; on les a tant subies sans que nos avis ne soient vraiment pris en compte, que la première question que l’on se pose (et qui a effectivement été posée aux chercheurs à propos de cette évaluation), est : 'Dans quelle pièce joue-t-on ?' (...)"
La totalité du rapport est téléchargeable sur le site "enseignement.be", ici. Le magazine Prof (ministériel) est téléchargeable ici, avec une interview du ministre Jean-Claude Marcourt, pour qui il s'agit "d’enclencher un projet de société à inscrire dans la durée", et de mettre en oeuvre rapidement "un certain nombre d’enseignements de cette évaluation".