Violences scolaires : un observatoire universitaire pour élargir le champ
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Culture, Justice, Orientation le samedi 18 février 2012.
"L'Observatoire universitaire et international de l'Education et de la prévention", l'OUIEP, est un observatoire "de combat", déclare son co-directeur, Eric Debarbieux, lors de son inauguration, hier 17 février à Créteil. Il est en effet porteur de convictions, le refus du déterminisme et donc l'idée qu'on peut "changer les choses par l'éducation", et la nécessité d'une vision globale : son objet doit être plus large que celui de l'Observatoire international de la violence à l'école, et il s'intéresse par exemples à la parentalité et aux pratiques culturelles émergentes des jeunes... "à l'école et hors de l'école".
Car si Benjamin Moignard, le co-directeur de cet "Ovni" universitaire, ni unité de recherche, ni UFR, est un ancien doctorant d'Eric Debarbieux, les autres membres fondateurs sont Marie-Pierre Mackiewicz, qui a été assistante sociale et chargée de mission à l'ONED (Observatoire national de l'enfance en danger) avant d'entamer une carrière universitaire, Pierrine Robin, également passée par l'Oned, et qui a centré son approche sur les droits de l'enfant et la prise en compte de sa parole dans les dispositifs mis en place pour sa protection, et Dieynébou Fofana, spécialiste des pratiques culturelles des jeunes et des politiques territoriales.
Enfin cet OUIEP doit constituer un pont entre les milieux associatifs, l'éducation populaire notamment, l'économie sociale (la MAIF est citée), les syndicats, tout en constituant "un outil au service de la recherche et du terrain" en matière de prévention de la violence. Il organise un continuum entre la recherche, la formation, et l'expertise, puisque l'évaluation des politiques publiques ne doit pas être laissée "seulement au secteur marchand".
Abrité dans les locaux de l'IUFM, il dépend aussi de de l'UFR Staps et l'IUT de Sénard-Fontainebleau où Eric Debarbieux est professeur. Celui-ci a d'ailleurs mis en perspective son action à l'occasion de cette inauguration. Il considère que "la recherche en éducation doit servir à quelque chose" et il plaide pour "un pragmatisme solidaire". Il insiste sur l'importance du travail scientifique, et demande "combien de programmes magiques sont vendus aux collectivités ou aux établissements". Comme "ça ne marche pas", ils contribuent à "ruiner l'idée de prévention". Il a donc choisi de travailler avec un ministre comme Luc Chatel, mais à la condition que soit respectée sa "liberté universitaire". Il constate qu'il y a bien eu transformation des politiques publiques. "Il y a deux ans, on en était encore à envisager la pose de portiques de sécurité à l'entrée des établissements."
Parmi les pistes des travaux dont cet observatoire pourrait être chargé figurent l'évaluation du dispositif Acte (Accompagnement des collégiens temporairement exclus) en Seine-Saint-Denis, une enquête de victimation en milieu scolaire avec l'Unicef, et avec le Fej (Fonds d'expérimentation pour la Jeunesse), une enquête sur la prévention du harcèlement et sur les transports scolaires...