Réseaux sociaux : les jeunes n'en ont pas la même vision, ni le même usage que les adultes (Dossier de l'Ifé)
Paru dans Périscolaire le lundi 13 février 2012.
"Certaines études mettent en garde contre une perception trop exacerbée des parents sur les risques associés au nombre d’activités investies [sur l'Internet]. Les jeunes sont conscients de ces excès qui participent de leurs expériences adolescentes et en tant que tels ne méritent pas d’être systématiquement stigmatisés." C'est l'un des éléments qui ressort d'un "dossier d'actualité" de l'Ifé sur "les pratiques relationnelles [des jeunes] au coeur des médias sociaux". Laure Endrizzi note, à travers cette revue de la littérature scientifique sur le sujet, que "les pratiques d'internet ont considérablement évolué" et que la fréquentation de Facebook, Twitter, You tube, MSN, etc. "rencontrent une audience inédite auprès des jeunes générations" qui peuvent passer chaque jour 7h30 "à consommer des contenus numériques". A noter toutefois une différence de génération entre ceux qui sont nés avec des ordinateurs personnels et ceux qui ont été exposés très jeunes à "l'informatique connectée et ubiquitaire".
L'auteure ajoute que "les échanges sur internet ne se substituent pas à ceux de la vie réelle, ni ne les diminuent" et que les jeunes utilisent les technologies "pour étendre des relations avec ceux qu'ils fréquentent déjà" à l'école ou sur le terrain de sport". Dès lors, la notion de groupe évolue, "on passe de groupes homogènes et unifiés à des groupes plus hétérogènes et plus spécialisés". Et les pratiques évoluent avec l'âge, les lycéens "se connectent plus fréquemment à l'abri des regards, dans leur chambre". La régulation parentale diminue, mais la prise de risques n'est pas pour autant plus forte : "plus ils sont âgés, moins [les ados] s'aventurent", ils ont des habitudes, "vont toujours sur les mêmes sites".
Mais ils ont des "amis", 265 en moyenne pour un jeune Américain, avec qui ils échangent des chansons et des extraits de films, en complément des SMS qu'ils peuvent s'adresser. Ils sont assez indifférents aux messages publicitaires, et ils "expérimentent de nouvelles formes d'expression", ils font des montages vidéos, partagent leurs créations, procèdent par essais-erreurs. "Les expériences numériques (...) stimulent l'auto-apprentissage et gomment les traditionnelles barrières liées au statut et à l'autorité". De plus, "les plates-formes privilégiant les contenus thématiques brouillent les frontières traditionnelles de l'expertise", le rôle de l'adulte prescripteur s'affaiblit. Et les lois sont assez inefficaces, 38 % des jeunes Américains de 12 ans sont inscrits sur un réseau social, ce qui peut encourager un comportement narcissique "pouvant évoluer vers des troubles psychiatriques", mais offre aussi "des espaces de consolation". La question posée est donc celle de l'usage qui en est fait.
Le dossier est téléchargeable sur le site l'Ifé, ici.