14 % des personnels de l'Education nationale en "burnout" ?
Paru dans Scolaire le lundi 30 janvier 2012.
Les personnels de l'Education nationale sont deux fois plus souvent que les cadres "en état de tension au travail", 24 % d'entre eux décrivent une situation susceptible de dégrader leur santé physique et mentale, du fait de la tension entre les injonctions qu'ils reçoivent, les moyens dont ils disposent, et leur "latitude décisionnelle". Ils sont 14 % "en état d'épuisement professionnel". S'y ajoutent des douleurs dans le bas du dos et à la nuque ou dans le cou. C'est ce qui ressort d'une étude menée par le "Carrefour santé social" qui réunit la MGEN avec sa fondation, et trois fédérations syndcales, la FSU, l'Unsa et le Sgen-CFDT.
Plus de 5 000 personnes (5 119), dont 84 % d'enseignants et 75 % de femmes ont répondu à un "auto-questionnaire" mis en ligne l'année dernière sur le site de la mutuelle. Même si l'échantillon n'est pas parfaitement "représentatif", les résultats "correspondent à ce qu'on pouvait attendre", estiment les responsables syndicaux, pour qui "les choses sont en train de changer". Autrefois, on disait des personnes en difficulté qu'elles étaient "un peu fragiles". A présent, "ce n'est plus possible", "personne n'est épargné" et c'est "l'organisation du travail qui met en difficulté" les individus, dès lors davantage intéressés qu'auparavant par ces questions de santé au travail. L'un d'eux témoigne : "nous n'avons jamais eu autant de remontées du terrain qui portent sur ces questions".
De plus, Luc Chatel a annoncé le recrutement de 80 médecins de prévention, seuls 24 l'ont été. Les syndicalistes évoquent "une vraie dégradation des conditions de travail, comme dans le privé", avec une "mise en concurrence des personnels", des "réformes à la hussarde", des "injonctions multiples et contradictoires" et des environnements qui entrent en contradiction avec les valeurs dont les enseignants sont porteurs. De plus, le ministre a annoncé des mesures pour les fins de carrière et les secondes carrières, qu' "on attend toujours", après la suppression du dispositif de CPA (cessation progressive d'activité). Les politiques académiques, notamment en matière de remplacement, pourraient également être en cause, dans la mesure où les personnels sachant que, s'ils s'absentent, ils ne seront pas remplacés, subissent une pression supplémentaire.
En ce qui concerne les risques psycho-sociaux, la proportion des personnes atteintes ne varie ni avec le sexe ni avec l'âge. En revanche, les personnels des académies de Lille, Versailles, Orléans-Tours et Aix-Marseille sont davantage touchés que leurs collègues. Les CPE, les personnels d'administration, les enseignants de l'école élémentaire et du collège sont également plus touchés.
Le "burnout" ou "épuisement professionnel" touche davantage les hommes que les femmes, et augmente après 55 ans. Il augmente également pour les personnels des académies de Guadeloupe et de Martinique.
Les "troubles musculo-squelettiques" concernent surtout le bas du dos(19 % des répondants) et le cou ou la nuque (15 %). Leur probabilité augmente pour les femmes, et dans les académies d'Aix-Marseille, Lille, Orléans-Tous, Bourgogne, Midi-Pyrénées, la Guadeloupe et la Martinique.