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Meirieu, Kambouchner, Stiegler : l'Ecole, lieu de culture, même à l'heure du numérique

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le vendredi 27 janvier 2012.

"Dès les premières classes, l'école doit se soucier de la culture des enfants dans l'ensemble de ses dimensions", estime Denis Kambouchner. "Imaginer qu'Internet ouvre la porte au savoir, c'est ignorer ce qu'est savoir. C'est ignorer qu'il n'est de savoir que porté par une exigence de rigueur, de justesse et de vérité", ajoute Philippe Meirieu. Les deux philosophes participent, avec Bernard Stiegler, à une réflexion commune sur "l'École, le numérique et la société qui vient". 

Ce petit ouvrage comprend les échanges qu'ils ont eus, à l'instigation des deux promoteurs du site Skholè, Julien Gautier et Guillaume Vergne, pour qui Bernard Stiegler a permis "de déplacer sensiblement le débat" sur l'école, et de sortir de l'opposition entre "Républicains" et "Pédagogues". Ils estiment de plus que la pensée de Philippe Meirieu a connu "une évolution sensible", celle de Denis Kambouchner de son côté permettant à "leurs points de vue [de] converger", sans doute parce qu'ils les connaissent mal l'un et l'autre. Ils se montrent en effet dans ces pages absolument fidèles à eux-mêmes, mais moins soucieux d'épargner leurs amis. 

Tous deux sont en effet d'abord soucieux de culture. Philippe Meirieu demande que l'enseignant soit "un être de culture", "porteur de l'histoire et des histoires des hommes", pour ne pas "réduire l'enseignement à une juxtaposition de compétences techniques (...) évaluables". Il défend "une école pour tous de trois à seize ans" qui permette à tous les enfants d'accéder à "une culture commune partagée" sanctionnée par un examen "exigeant, structuré sous forme d'unités capitalisables". Il s'en prend violemment aux "lieux communs pseudo-pédagogiques" et à une idéologie "moderniste". Celle-ci masque "une conception libérale du monde", "une conception behavioriste du sujet" et "une conception mécanique des savoirs" qui interdisent de penser. C'est à condition de se situer dans cette perspective que l'école "doit se saisir du numérique". 

Denis Kambouchner ne croit pas que le "désir d'apprendre" des enfants ne soit pas "intact". Il revient pour mieux la dépasser sur les conceptions qu'ont les "Républicains" et les "Pédagogues" de l'enfant. Les premiers voient un "élève abstrait et méritant", les autres un "acteur de ses propres apprentissages" : "l'enfant que l'école accueille n'est ni un petit acteur déjà doué d'une espèce d'autonomie, ni une intelligence purement docile, c'est un jeune être a priori sensible et vif" qui a un certain nombre de besoins auxquels sa famille ne peut répondre : "bain linguistique, jeux, histoires, musique, contact avec de belles choses de toutes sortes". 

Tous deux se retouvent dans la définition que donne Bernard Stiegler de la "prolétarisation" contre laquelle il faut lutter, et que ranime l'expansion du numérique : le fait de "développ[er] des systèmes sans comprendre comment ils fonctionnent, sans en connaître l'histoire". 

"L'École, le numérique et la société qui vient", Mille et une nuits, 207 p., 5 €.

A noter que Denis Kambouchner a publié récemment, sous le pseudonyme de Daniel Kammer "Ma Guerre de Troie", revisitant pour la jeunesse le thème homérique.

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