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La pédagogie de l'erreur risque de briser certains élèves fragiles (Cahiers pédagogiques)

Paru dans Scolaire le lundi 23 janvier 2012.

"Il s'agit de s'adapter, d'accepter que la pédagogie de l'erreur peut être vaine et même néfaste." Le diagnostic de Pascal Duc, formateur à l'IUFM de Chambéry, vient nuancer le consensus qui se dégage du dernier dossier des Cahiers pédagogiques, consacré à "l'erreur pour apprendre". Si la plupart des contributeurs, professeurs comme formateurs, soulignent l'intérêt pédagogique d'une utilisation des erreurs des élèves, Pascal Duc met en garde contre les généralisations abusives : comme tous les élèves n'ont pas le même rapport à l'erreur, il faut parfois imaginer "des moyens de contournement individuels". Ainsi, "la pédagogie de l'erreur n'a que peu d'impact positif" pour les élèves "dyslexiques" ou "à haut potentiel".

Ces deux catégories d'élèves semblent diamétralement opposées. Les enfants dyslexiques "ont l'habitude de l'erreur" car "leur relation à l'enseignement n'est qu'une longue suite d'imperfections et de répétitions", alors que les élèves à haut potentiel, "bien adaptés aux exigences scolaires", sont "performants par habitude au début du collège". Pourtant, les uns et les autres partagent une même "fragilité" que la pédagogie de l'erreur risque d'accentuer. "Ces enfants se sentent exclus ou différents, supportant le poids de ce qui est considéré comme un handicap, ayant le sentiment d'être étrangers: la pédagogie de l'erreur peut accroître ce sentiment."

Supprimer les notes pour les enfants dyslexiques

La pédagogie de l'erreur redoublerait les difficultés des élèves dyslexiques "sous-évaluateurs", qui "écrivent et parlent peu" : "lorsqu'on demande à l'enfant de recommencer, corriger, développer un travail rendu, il tombe des nues : il a fait un effort et on lui montre que ce n'est pas bien, que le travail continue." Source de souffrance supplémentaire, la pédagogie de l'erreur risque ainsi "d'accentuer la défiance des enfants sous-réalisateurs envers le système scolaire".

Quant aux élèves à haut potentiel, ils pourraient rejeter "une suite de devoirs qui finit par devenir insupportable à force d'avancées minuscules et frustrantes". Ils risqueraient alors de devenir eux aussi "sous-réalisateurs". Selon Pascal Duc, "une fois que l'enfant a compris la démarche", il vaut mieux privilégier "une suite de tâches complexes à résoudre, et tant pis si la résolution n'est que partielle". Il s'agit donc de limiter la pédagogie de l'erreur à "quelques exercices", avant de proposer aux élèves d'autres démarches où une compréhension d'ensemble prime sur des corrections dans le détail.

Pascal Duc critique aussi le mode d’évaluation actuel des élèves "intolérants à l’erreur". Un système de notes, qu’il soit justifié ou non, introduit toujours un décalage entre les progrès intermédiaires d’un élève dislexique et sa note finale. Celle-ci reste faible comparativement aux autres élèves, renforçant ainsi sa défiance vis-à-vis des notes. "Un accompagnement sensé et courageux voudrait qu'on cesse de noter [les enfants à haut potentiel] et les enfants dislexiques, jusqu'au moment où on peut leur attribuer des notes qui ont du sens pour eux."

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