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"L'Ecole fondamentale", le socle commun et les territoires au coeur des débats d'Education & Devenir

Paru dans Scolaire, Périscolaire le samedi 21 janvier 2012.

"On n'a pas le choix, on est obligé de mettre en place cette école fondamentale", qui réunira écoles primaires et collèges. De plus, "on pourrait rendre obligatoires les partenariats avec les institutions culturelles" des territoires où sont ces établissements, "lier les bibliothèques municipales avec les CDI des collèges", et faire, "comme le propose la Ligue de l'enseignement, des établissements scolaires des maisons des savoirs". Philippe Joutard, ancien recteur, intervenait hier vendredi 20 janvier dans le cadre du colloque d'Education & Devenir, "L'école fondamentale, de la maternelle au collège". Les débats ont notamment porté sur la notion de socle commun et sur les liens entre établissements et territoires, mais aussi sur l'absence de continuité entre école élémentaire et collège. William Marois, recteur de Créteil, souligne d'ailleurs cette difficulté quand il veut éviter que les élèves qui auront passé les tests de CM2 en passent d'autres lorsqu'ils arrivent en 6ème !

Mathieu Hanotin, vice président du Conseil général de Seine-Saint-Denis estime que la loi de décentralisation de 2004 a été "bâclée", mais il constate qu'elle a, petit à petit, "changé la donne" en permettant une implication des élus dans le quotidien des établissements, et la mise en valeur du tissu culturel et sportif des territoires. Il évoque parmi les réalisations du Département, le dispositif "Acte" pour l' "accueil des collégiens temporairement exclus". Il constate que l'efficacité du dispositif varie selon que les collèges "jouent le jeu". Il cite aussi le programme "Odyssée jeunes" et un partenariat avec la fondation de la BNP, sans que les élèves sachent qu'une entreprise participe au financement de leurs voyages scolaires. La collectivité a évité aux établissements de démarcher eux-mêmes les entreprises, au risque de se voir imposer des contre-parties publicitaires.

Patrick Braouezec, député, va plus loin lorsqu'il demande que les enseignants considèrent les territoires, "même les plus difficiles", comme une ressource, ne serait-ce que parce que les dénigrer revient à dénigrer les élèves qui y vivent. Et il cite parmi les réalisations de la Communauté d'agglomération Plaine Commune qu'il préside le projet SMAC (samedi matin au collège), avec des ateliers proposés aux élèves ... et à leurs parents.

Cette journée a aussi été l'occasion de revenir sur l'histoire du socle commun. Christian Forestier, administrateur général du CNAM qui accueille ce colloque, estime que "nous sommes encore loin de l'objectif" et rappelle qu'il s'est écoulé 30 ans entre la loi Haby qui créait le collège unique et la loi Fillon de 2005 qui en tire la conséquence avec la création de ce socle. Il rappelle également le rôle qu'a joué le HCEE (Haut conseil de l'évaluation de l'école) pour qui l'urgence était de "s'attaquer aux sorties sans diplôme" (et non plus "sans qualification", comme le prévoyait la loi Jospin), d'où l'idée d'une "approche par compétences", au moment où l'Europe sort ses "compétences clé". Il ajoute : "A l'évidence, quelles que soient les échéances, je ne vois pas comment on peut ne pas faire de la maitrise des fondamentaux, la première des priorités." Il souligne que le taux de non insertion des jeunes sortis sans diplôme du système scolaire est de 30 % au bout de 7 ans... 

jean-Paul Delahaye, qui intervenait comme "historien des politiques scolaires" rappelle que la question de savoir ce qu'une nation doit dispenser comme savoir à tous est très ancienne. Pour Condorcet, ce savoir minimum doit permettre l'accès à des études ultérieures, il doit garantir l'égalité des droits, nul n'étant dépendant d'un autre pour l'exercice de sa citoyenneté, et il doit permettre à tous les citoyens d'accéder à des fonctions importantes... Un siècle plus tard, Jules Ferry évoque "le savoir pratique dont un enfant aura besoin toute sa vie", mais il impose aux enseignants une obligation de résultats. Il estime aussi que les examens de passage "dégagent les classes d'un élément de gêne"... Et certains, à la même époque, considèrent qu'il faut opposer une "digue" au "péril démocratique". 

Pour lui, nous sommes restés dans cette perspective, avec un collège unique qui n'a pas été conçu pour accueillir l'hétérogénéité. Il souligne la persistance de "structures spécifiques", toujours "provisoires"... Il relève que les programmes de 2008, conçus après la publication du "socle commun de connaissances et de compétences", utilisent 6 fois moins (28 fois contre 196) le mot "compétences" que les programmes de 2002, que le programme de sciences explique très bien aux professeurs de collège comment lier connaissances et compétences, mais que le programme de français laisse à l'enseignant "le soin de faire ce travail de mise en articulation".

 

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