L'enseignement agricole défend ses classes de 4e et 3e pour la lutte contre l'échec scolaire
Paru dans Scolaire, Orientation le samedi 21 janvier 2012.
Neuf sur dix des élèves accueillis dans les classes de 4ème et de 3ème de l'enseignement agricole déclarent ne plus être en difficulté à la fin de leur cursus, alors que 9 sur 10 estimaient être en difficulté quand ils y sont entrés. Ils sont encore 90 % à poursuivre une scolarité après la 3ème. C'est l'un des constats entendus à l'ONEA (observatoire national de l’enseignement agricole) lors de sa réunion du 19 janvier, consacrée à ces classes dont l'existence déroge au principe du collège unique.
Mais l’enseignement agricole, qui est "concret, diversifié et sur le terrain" voit affluer les demandes de parents en recherche d’une alternative au collège et sa pédagogie suscite l’intérêt du ministère de l’Education nationale en recherche de solutions pour les "décrochages".
Henri Nallet, ancien ministre de l'Agriculture, et président de l'ONEA, évoque cette réalité pour ToutEduc : "Je visite souvent les établissements et j’ai particulièrement le souvenir d’un élève de quatrième peinant à sa table et à qui j’ai demandé 'et cet après-midi que fais-tu ?' ; à ce moment sa bouille s’est illuminée et il m’a dit 'je vais démonter un tracteur !'. C’est cela, il faut leur redonner goût, goût de faire, un temps de réassurance et aussi les faire lire, pas des textes classiques, pas tout de suite."
Il estime par ailleurs que les liens entre les conseils régionaux et les établissements agricoles "sont bons" et qu'il n'est pas rare qu'un enseignant siège dans un conseil général, ce qui contribue à l'insertion des lycées dans leur environnement.
L'ONEA a publié à cette occasion les dix recommandations qu'elle a annexées à son rapport présenté en juin 2011 à la tutelle. En voici des éléments (pour le texte complet, cliquez ( ici).
"1- Affirmer de manière plus ferme la pertinence et l’utilité des classes de 4e et de 3e dans l’enseignement agricole dans le cadre des politiques générales de lutte contre l’échec scolaire. (...)
4- Conforter la 4e comme classe de mise à niveau et la 3e comme moment d’orientation active, dans leur double fonction de remotivation scolaire et de construction progressive du projet individuel de formation, afin de lutter contre le décrochage scolaire. (...)
6- Mettre en place, dans le cadre du schéma prévisionnel national, des indicateurs de fonctionnement et de résultats des classes de 4e et de 3e (...)
10- Développer l’offre de formation en classes de 4e et de 3e, tant dans les établissements publics, que dans les territoires où l’offre des différentes composantes de l’enseignement agricole est insuffisante."
Comme à l'accoutumée, des représentants des "3 familles" de l'enseignement agricole (public, privé, maisons fermes rurales) sont venus échanger leurs expériences "dans la bonne entente". Original au sein de l'enseignement, l'enseignement agricole confère à ses personnels une identité particulière professionnelle forte. Objet de fierté, elle "diffuse" sur les élèves en difficulté une sérénité qui leur faisait défaut jusque-là...
La prochaine réunion nationale sera consacrée à l'adaptation de l'enseignement agricole aux modifications de l'environnement liées à la réforme de la PAC.