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Associer les 16/25 ans aux décisions publiques, pari politique ou péril jeune ? (ANACEJ)

Paru dans Scolaire, Culture, Orientation le mercredi 11 janvier 2012.

"Les dispositifs de participation offrent un espace à des jeunes élus qui ne peuvent en aucun cas être représentatifs de leur classe d’âge." Cette particularité des "conseils de jeunes" illustre un constat : la participation des jeunes aux décisions publiques n'est pas soumise aux modalités classiques de participation politique. C’est ce que souligne l’enquête de l’ANACEJ (Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes) sur "les dispositifs avec les 16/25 ans". Menée auprès des "adhérents de l’association qui travaillent avec cette tranche d’âge", elle dresse un premier bilan des "outils de dialogue" apparus à la fin des années 1990 afin d'associer les jeunes aux politiques publiques.

Pour 82% des personnes interrogées, les dispositifs ont pour objectif "l’apprentissage de la citoyenneté". Cet apprentissage ne passe pas nécessairement par une initiation aux règles conventionnelles de la participation politique. Ainsi, très souvent, l’élection n’est pas le mode de désignation des jeunes élus : "le volontariat est employé dans plus de 82% des cas". C’est même parfois "l’absence d’élection" qui pousse certains jeunes à "s’investir". L’enquête de l’ANACEJ invite ainsi à repenser la notion d’engagement politique : elle montre que "l’engagement dans sa ville ne s’accompagne donc pas nécessairement d’une inscription politique", comme l’analysent Elsa Ramos et Cécile Ensellem, sociologues et chercheurs au CNRS.

Un fonctionnement spécifique, des préoccupations collectives

Une fois en place, les conseils de jeune ont un mode de fonctionnement spécifique : "dans 47% des cas, les collectivités interrogées n’imposent pas de limite à la durée de l’implication des jeunes". Les dispositifs sont ainsi "adaptés au mode de vie de plus en plus mobile des jeunes". Par ailleurs, si la question de la représentativité des élus "se pose, comme pour tout dispositif de participation", elle n’est pas décisive. Comme "il n’existe pas d’outil idéal pour représenter tous les jeunes", l’ANACEJ encourage davantage "la diversité que la représentativité des dispositifs". L’association rappelle que "le débat de la représentativité n’a pas été tranché et [qu'] aucune collectivité n’a trouvé la solution".

Si les conseils de jeunes requièrent un mode de fonctionnement particulier, ils "ne devraient pas être cantonnés à des questions propres à la jeunesse ou perçues comme telles", affirment E. Ramos et C. Ensellem. Dans les faits, l’enquête de l’ANACEJ révèle que "les jeunes (...) sont impliqués dans des projets complexes touchant la cité dans son ensemble", comme les projets d’aménagement et d’urbanisme.

En revanche, les conseils de jeunes n’ont souvent qu’un "rôle principalement consultatif". Or, selon E. Ramos et C. Ensellem, "plutôt qu’une logique participative", il faudrait "valoriser une logique active, où les jeunes sont de réels acteurs, auteurs et initiateurs". Une telle marque de confiance serait le seul moyen d’ "inscrire l’engagement des jeunes dans le temps".

Les 2/3 des projets aboutissent

La fidélité des élus est en effet l’un des obstacles rencontrés par les conseils de jeunes, dont près de la moitié n’imposent pas une durée de mandat. L’absentéisme reste une des principales difficultés de fonctionnement. Le manque d’initiative des jeunes élus est aussi un frein : "tous les animateurs et professionnels concernés par les conseils de jeunes sont d’accord pour dire que ces derniers font preuve de peu d’autonomie dans leur démarche".

C’est toute l’ambigüité des conseils de jeunes : pour avoir un rôle actif dans la vie publique, ils requièrent des élus autonomes, capables de prendre des initiatives. Or, la participation des jeunes aux décisions publiques a précisément pour but de développer ces qualités. Les conseils de jeunes bénéficieraient-ils davantage aux jeunes élus qu’à la société dans son ensemble ? Non, selon le bilan dressé par l’ANACEJ. Si 88% des collectivités territoriales "reconnaissent que leur dispositif de participation des jeunes a rencontré des difficultés", la plupart estiment que "plus des deux tiers des projets menés par les conseils de jeunes aboutissent".

Le site de l’ANACEJ est consultable ici. L’Association présentera ses propositions pour les élections présidentielles et législatives le 25 janvier. Plus de détails ici.

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