Comment une école traditionnelle peut-elle former des individus créatifs ? (Dossier de l'Ifé)
Paru dans Scolaire le lundi 09 janvier 2012.
Comment l'Ecole peut-elle former des individus créatifs, ayant la capacité de proposer de nouvelles solutions, de recombiner les connaissances existantes "sans nécessairement respecter les cadres disciplinaires" ? C'est la question posée par le dossier de janvier de l'Ifé (Veille et analyse) qui constate que l'éducation formelle "est souvent organisée pour transmettre et reproduire le savoir existant dans des formes consacrées". Le savoir est "traditionnellement considéré comme quelque chose d’objectif et la formation du savoir comme un processus linéaire et cumulatif". Or, dans de nombreuses disciplines, "le savoir est désormais vu dans une nouvelle perspective, de façon plus relative et plus diverse dans ses interprétations".
La créativité serait pourtant d'autant plus nécessaire que "le temps des emplois permanents est fini" et que les politiques publiques en Europe "appellent un renforcement de la capacité d'innovation, de la créativité, de l'entrepreneuriat". Mais une enquête réalisée pour la commission européenne montre que seuls 30 % des enseignants français, allemands ou hongrois pensent que la créativité joue un rôle important dans le parcours des élèves, contre 75 % des enseignants italiens ou britanniques.
Plus grave, la logique des réformes est trop souvent "celle de la compétition, avec des écoles tenues de rendre des comptes sur leurs performances, sur la base de pratiques et d'enseignement standardisés, en vue de résultats prédéterminés et comparables". Et dans le même tmps sont promues des politiques "en matière d'économie et de développement durable qui reposent sur la créativité, la prise de risque et la confiance". On voit donc les décideurs "adresser des injonctions contradictoires" aux enseignants.
En France, le livret de compétences reste "un outil d'évaluation sommative" qui n'utilise pas "de concepts liés à l'innovation et à la créativité". Quand on interroge les enseignants sur les freins qu'ils rencontrent "à la mise en place de méthodes innovantes et à un apprentissage centré sur l'élève", ils répondent programmes trop lourds, effectifs trop chargés, mais aussi "manque de confiance en soi". Il serait nécessaire "de former des praticiens réflexifs qui puissent faire la part entre méthodes qui freinent ou favorisent la créativité", mais il faudrait aussi "prendre en compte les parcours et histoire personnelle des enseignants".
Autre facteur qui pourrait aider à la mise en œuvre de projets pédagogiques innovants ou créatifs, les TIC sont loin d'être utilisées autant qu'elles pourraient l'être en ce sens. Conclusion, "l'école doit être une organisation apprenante", elle "n'a plus le monopole des savoirs", " enseignant et apprenant doivent prendre des risques (...) être inspirés et motivés par l'acte d'apprendre..."
Ce dossier reprend de nombreux concepts développés par François Taddei dans son rapport à l'OCDE, "former des constructeurs de savoirs collaboratifs et créatifs".
Il est téléchargeable ici.