Lutter contre le décrochage scolaire suppose la construction d' "alliances éducatives" (article de recherche)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 02 janvier 2012.
Pour lutter contre le décrochage scolaire, faut-il compter sur l'école ou sur son environnement et sur ce que les anglo-saxon appellent communauté ? Les deux, répondent quatre chercheurs français, suisses et belge, à la condition que soient convenablement analysées les "alliances éducatives" qui doivent être nouées entre "de nombreux acteurs venant de mondes aussi différents que ceux de la justice, de la santé, du travail social, des entreprises et de l’école".
Dans cet article sont d'abord mis en évidence les multiples causes du décrochage. Au Québec, on en compte sept, "la présence de sentiments dépressifs, le manque d’organisation et de cohésion familiale, les attitudes négatives de l’enseignant envers les élèves, le manque d’engagement de l’élève dans ses activités scolaires et la faible performance en français et en mathématiques". En France, on insiste sur le climat scolaire et le sentiment que les règles sont peu claires dans la classe.
Une partie de la solution est donc dans l'école : si "la stigmatisation des élèves et leur inscription dans un parcours scolaire négatif sont des facteurs qui favorisent le décrochage (...), il ne semble pas incohérent d’avancer que des relations de soutien, d’empathie visant à faire progresser les élèves et à les valoriser peuvent faciliter l’accrochage scolaire". Autre possibilité, "la création de structures transitoires et de courte durée, et ayant pour objectifs une inclusion ou un retour aux structures normales", comme "les structures classes relais" en France. Mais ces "structures séparatives transitoires sont fortement remises en question, notamment au regard du paradoxe qu’elles présentent : exclure l’élève de l’école régulière pour mieux l’inclure ensuite". Pour qu'elles offrent des occasions de reconstruction du jeune en souffrance, il faut que soient conjugués trois facteurs, un temps d’observation, un travail sur le sens des apprentissages et une prise en charge psychothérapeutique. Il faut aussi un accompagnement psychologique des enseignants.
Mais les impacts du décrochage "sont ressentis dans toutes les sphères de la société, d’où une responsabilité partagée par tous les acteurs de la communauté" et l'émergence, dans de nombreux pays "d’une approche communautaire du traitement du décrochage, impliquant la mobilisation d’un ensemble très large d’acteurs engagés dans des actions au niveau de la réussite éducative".
La recherche montre "la très grande diversité d’acteurs qui ont un rôle à jouer pour favoriser l’inclusion scolaire de jeunes en risque de décrochage". Et les auteurs de l'article proposent une "démarche qualité" pour la constitution de ces alliances éducatives, avec quatre facteurs clés : "un ensemble de besoins exprimés par les acteurs; un corpus scientifique reprenant des principes et des pratiques dont l’efficacité est validée; des modèles théoriques qui donnent de la cohérence aux interventions des acteurs; des ressources humaines et matérielles nécessaires à la mise en place de solutions."
L'article de Catherine Blaya (Université de Bourgogne), Ghislain Plunus (Université de Liège), Jean-Luc Gilles et Chantal Tièche Christinat (Haute école pédagogique du canton de Vaud), "Accrochage scolaire et alliances éducatives : vers une intégration des approches scolaires et communautaires", est publié par l'Association canadienne d'éducation de langue française et téléchargeable sur le site de l'OZP, ici.