La rémunération des enseignants "au mérite" favorise la triche (Educpros)
Paru dans Scolaire le jeudi 01 décembre 2011.
Organiser les carrières de enseignants en fonction des progrès des élèves "serait une catastrophe", estime Fabrizio Butera (Université de Lausanne, coauteur de "L’évaluation, une menace ?"), interrogé par Educpros (L'Etudiant). S'ils sont évalués en fonction des progrès de leurs élèves, "les enseignants se mettent naturellement à être plus tolérants dans leurs corrections (...) et ils peuvent même, si une partie de leur salaire en dépend, être amenés à tricher". C'est ce qui s'est produit à Atlanta (USA) où les écoles "recevaient des gratifications en fonction des résultats des élèves".
L'alternative ? Une évaluation qui fournit à l'enseignant "des indications précises sur les moyens de s’améliorer" et si les résultats sont mauvais, le soutenir, "l’envoyer en formation pour qu’il revoie ses méthodes". S'ils sont bons, lui expliquer qu'il peut "contribuer à la qualité de l’enseignement en partageant [ses] méthodes avec les enseignants qui ont plus de difficultés", ce qui lui apporte la satisfaction d'être reconnu comme "un élément utile au collectif".
C'est un choix politique. Faut-il "donner plus à ceux qui accomplissent plus", selon le principe du mérite, au risque de la triche, "ou faut-il appliquer le principe du besoin et donner plus à ceux qui nécessitent plus d’aide"?
L'interview ici.