Démarrage des e-jumelages d'Apréli@ en Afrique et en France
Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 24 novembre 2011.
Des élèves de CM1-CM2 de Dakar (Sénégal), de Ouagadougou (Burkina-Faso), de Lomé (Togo) et de Montbonnot, Meylan, Corenc et Domène (Isère) préparent leur e-jumelage et rédigent les questions qu'ils devront poser à leurs homologues d'un autre continent pour produire un "carnet de voyage" dans une ville où ils n'iront pas physiquement, et dont ils ont du mal à imaginer les modes de vie. "Nous entrons dans la phase test d'un projet lancé lors d'un atelier international tenu à Dakar au printemps, avec l'appui de la Confemen [les ministres de l'éducation des pays francophones, ndlr] et de TESSA [Teacher Education in Sub Saharan Africa]. Le modèle pédagogique a été produit en Afrique par des Africains, de façon à définir un usage des TICE adapté à leurs besoins...", précise à ToutEduc Geneviève Puiségur-Pouchin, présidente de l'Association pour la promotion des ressources éducatives libres @fricaine, ou Apreli@.
ToutEduc : En quoi un e-jumelage peut-il répondre à leurs besoins ? En règle générale, les jumelages permettent aux pays plus riches de financer des équipements ou de distribuer des matériels...
Geneviève Puiségur-Pouchin : Dans tous les pays d'Afrique de l'Ouest, on demande actuellement aux enseignants de changer leurs pratiques pédagogiques, de passer d'un modèle transmissif, le cours magistral, à des activités collaboratives, qui rendent les enfants acteurs de leurs apprentissages. Il ne s'agit pas de leur imposer ce changement, mais de les accompagner, de leur donner, pas à pas, la marche à suivre pour mettre leurs élèves en situation d'élaborer ensemble des questions à poser, puis de répondre aux questions que leurs homologues français, qui suivront la même démarche, leur auront posées.
ToutEduc : Est-ce la qualité des "carnets de voyage" ainsi produits qui vous garantira que la démarche est pertinente ?
Geneviève Puiségur-Pouchin : Non. Les chercheurs, du Rocaré [Réseau ouest et centre africain de recherche en éducation, ndlr] notamment, se mobilisent pour en mesurer l'impact sur les enseignants et sur les enfants. Il ne faudra d'ailleurs pas seulement raisonner en termes d'acquis scolaires. Nous avons insisté pour que ce soit toujours une fille qui soit leader d'un petit groupe constitué autour d'un ordinateur. Pour répondre à leurs correspondants, chargés de la description de leur ville, les enfants vont se tourner vers leurs parents, vers la société civile, vers les élus... Ils seront aussi amenés à prendre conscience des richesses de leur culture et de leur environnement.
ToutEduc : Et du côté français, quel peut être l'impact ?
Geneviève Puiségur-Pouchin : Le même qu'en Afrique ! D'ailleurs, les élus ne s'y trompent pas, et ils envisagent de mettre les carnets de voyage ainsi produits sur les sites de leurs villes.
ToutEduc : Si c'est une phase de test, c'est que vous avez d'autres ambitions...
Geneviève Puiségur-Pouchin : Bien sûr. Nous travaillons avec les responsables du programme ART-GOLD /PNUD (mené par la Coopération décentralisée du Sénégal) pour faire bénéficier la région de Ziguinchor (Sénégal) d'un appui technique dans le cadre des e-jumelages. 2012-2013 sera une phase d’expansion du projet, impliquant un plus grand nombre d'établissements scolaires et de pays francophones, après cette année de test et d'évaluation des outils élaborés dans l'atelier de Dakar. Nous pourrons peut-être aussi l'adapter au niveau collège.
Le site d'Apreli@ ici.