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L'éducation prioritaire porte ses fruits malgré une volonté politique intermittente

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 25 novembre 2011.

Lancée en 1981, la politique des zones prioritaires fête ses 30 ans. A l'époque, c'était les territoires qui étaient prioritaires, pas l'éducation, souligne Jean-Claude Emin qui intervenait hier, jeudi 24 novembre à la journée de débats organisée par l'OZP dans le cadre du salon de l'éducation. "Si vous lisez le programme de l'UMP pour l'éducation, vous verrez qu'on passe d'une logique de zones à une logique d'élèves prioritaires. Avec d'un côté des mesures d'aide aux élèves en difficulté et d'un autre, la sélection des élèves méritants. Cette notion de mérite individuel est d'ailleurs à mettre en lien avec le projet d'évaluation en maternelle. L'objectif est de faire admettre comme naturel, en fonction du mérite, les différences de cursus [plutôt que de penser qu'elles sont dues aux inégalités sociales NDLR]."

L'ancien sous directeur de la DEPP et ancien secrétaire général du Haut Conseil à l'évaluation de l'école rappelle que déjà en 1997, sous Ségolène Royal, a paru une circulaire qui parlait "d'éducation prioritaire". Mais ce glissement sémantique et idéologique n'a pas d'effet face à la résistance des acteurs de terrain. "Puis, en 2006, avec Gilles de Robien, les logiques de publics se sont substituées aux logiques territoriales et l'accent a été mis sur l'exfiltration des élèves "méritants" vers des établissements "qui leur donnent toutes leurs chances", lit-on aujourd'hui dans le projet UMP pour les présidentielles." Pourtant, la réforme ECLAIR semble revenir à une logique de territoires", remarque-t-il.

Quels autres constats après 30 ans de politique de zones prioritaires ? Tous s'accordent sur le manque de continuité de la part des gouvernements successifs. Ce qui a pour effet de démotiver les acteurs de terrain. Toutefois, grâce à l'engagement de nombre d'entre eux, les expériences s'accumulent et portent leurs fruits. Comme par exemple à Nanterre, où "depuis plusieurs années, les acteurs de l’education prioritaire et de la politique de la Ville se rencontrent. Ils ont changé leur façon de travailler ensemble. Cela a permis aux communes de mieux définir leur rôle et de créer un réseau structuré durablement", témoigne Abdelouahab Zahri, responsable du pôle enseignement à la mairie. "Nanterre, dont 30% du budget est dédié à l'éducation, intervient sur l'aménagement urbain, la culture pour accompagner les établissements scolaires." Le Réseau français des villes éducatrices envisage par ailleurs de créer un observatoire des politiques locales pour faire remonter informations et expérimentations. Leur demande auprès de l'Education nationale n'a pas reçu de réponse à ce jour. "Nous le ferons donc sans crédit, mais avons pris contact avec des entreprises et des partenaires privés."

Anne Armand, IGEN, qui a publié un rapport sur l'éducation prioritaire en 2006, observe que de nouvelles professionnalités émergent. "Les professeurs référents ont le souci d’accueillir les nouveaux enseignants, d’organiser techniquement et pédagogiquement le travail des assistants pédagogiques, d'élaborer et de réaliser des projets pédagogiques... Ils se retrouvent en quelques sortes dans la position de l'inspecteur en faisant de l'analyse des pratiques. Ce qu'ils font, on pourrait appeler cela du management", insiste-elle de façon provocatrice.

Télécharger le rapport d'Anne Armand ici

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