Le numérique n'a de sens dans l'éducation que si on attend de l'école qu'elle développe la curiosité (H. Verdier)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 21 novembre 2011.
Les cadres de la Silicon Valley inscrivent leurs enfants dans des Waldorf Schools, "prestigieuses écoles privées américaines, onéreuses (...), couronnées de succès, et qui déploient une stratégie extrêmement conservatrice (..) et bannissant les écrans". En effet, "si le but de l'école est de transmettre des connaissances (...) pour préparer à un examen que l'on peut bachoter, alors le numérique y reste d'une utilité modérée". C'est un des constats dont Henri Verdier s'empare pour réfléchir au rôle que joue la "révolution numérique" dans l'éducation.
Le président du Pôle de compétitivité Cap Digital considère que les formes de l'éducation ne peuvent être dissociées de leur contexte économique. A "un premier capitalisme centré sur la production" correspondait l'école de Guizot et de Jules Ferry. Lui a succédé "un second capitalisme articulé autour de la production de masse, la communication de masse et la consommation de masse" et nous entrons "dans un monde hyper-instruit, hyper-connecté et hyper-outillé", alors que les pays émergents investissent lourdement dans l'éducation, et que les citoyens ont de nouvelles aspirations dans "un mouvement général de désinstitutionnalisation" puisque les jeunes "ont eu la latitude de choisir leurs maîtres dans une grande variété de ressources internationales".
Un enseignant du Technion Institute (Israël) a choqué le professeur de ses enfants "en lui disant que tout ce qu'il attendait d'elle, c'était qu'elle apprenne à ses filles à se demander pourquoi les deux faces des feuilles des arbres étaient différentes. Son raisonnement était pourtant simple : tout ce que l'on peut vouloir comprendre est aujourd'hui accessible sur Internet. La chose la plus essentielle est d'apprendre à se poser des questions." Et si "on attend de l'école qu'elle développe la curiosité, la créativité, le sens du travail collaboratif, la personnalisation des itinéraires (...), alors elle ne se fera pas sans le numérique, ni un grand degré de liberté et d'expérimentation des enseignants et des élèves, ni de nouvelles formes d'alliance avec les autres composantes de la société".
Le blog d'Ehnri Verdier, ici.