"Pour un humanisme scolaire", les propositions des enseignants suisses romands
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 18 novembre 2011.
Le Syndicats des enseignants romands organise son prochain congrès à Colombier (Suisse) sous le thème "Pour un humanisme scolaire, les enseignants s’engagent". Il a d'ailleurs publié un "livre blanc" où il défend les valeurs de respect et d’attention à l’autre, pour "prendre le contre-pied des valeurs ambiantes". Pour justifier sa démarche, il explique que "l'Ecole n’a pas besoin aujourd’hui de nouveaux textes et de nouveaux objectifs. Elle a besoin (...) que soient précisées (...) les attentes que la société peut avoir vis-à-vis d’elle. Elle a besoin de la confiance et de l’appui déterminé du monde politique, des parents et de la population."
Il ajoute que "le premier but de l'Ecole est de former" et non pas de sélectionner, qu'elle doit considérer l'élève d'abord comme "un enfant et un jeune" et "compléter l'éducation de la famille". Elle doit également "outiller le futur adulte pour qu'il puisse se développer de manière équilibrée, vivre harmonieusement et collaborer avec les autres, se réaliser socialement", sans oublier que "la culture et la connaissance sont les fondements de la libération de l’homme".
Pour le SER, "la seule obligation de fréquenter l’Ecole est insuffisante pour susciter l’effort à faire pour entrer dans les apprentissages", il faut "réussir à donner du sens à son action, à ses peines, à sa vie, à son parcours de formation". Quant à l'établissement, il doit être "au milieu du village", c’est "un terrain de partage, d’apprentissage tout au long de la vie, de garde des valeurs et de la richesse communes", mais il doit rester "un lieu préservé, épargné par les intempéries et les turpitudes".
Ces préconisations sont étayées par une analyse de la situation suisse où "l 'Ecole est appelée à exercer plusieurs fonctions plus ou moins avouées", les "objectifs déclamatoires" ne correspondant pas au réel. L'Ecole a une "fonction de garde" qui "tend maintenant à être étendue (journée continue, parascolaire)" et une "fonction de sélection" qui est "largement avérée dans les faits, alors que les intentions affichées tendent à la minimiser". Le SER dénonce aussi "le mythe de l'efficacité des classes homogènes", "inébranlable".
Ce document de 26 pages, hors annexes, fait également des propositions très concrètes pour que "l’acte d’apprendre [soit] synonyme d’acte de vie et d’existence au sein même de la communauté". Certaines se comprennent dans le contexte spécifique aux cantons romands, d'autres sont transposables dans le contexte français, comme la dénonciation de "l'obsession effrénée du lire-écrire-compter [qui] a développé la nature aveuglément prioritaire des branches 'principales' (langues, maths, etc.)". Il faudrait "redorer le blason des branches 'secondaires' (activités créatrices manuelles, musique, éducation physique, ...), si précieuses au développement et à l'équilibre de l'élève, et doter celles-ci des moyens adéquats".
Le livre blanc est téléchargeable sur le site du SER, ici.