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Petite Enfance: la Ville de Belfort transforme ses crèches en multi-accueil pour répondre aux multiples situations familiales et professionnelles

Paru dans Petite enfance, Périscolaire le jeudi 10 novembre 2011.

Depuis la rentrée 2011, les cinq crèches collectives de la Ville de Belfort, associées aux deux haltes-garderies, proposent du multi-accueil pour les enfants de deux mois à quatre ans, en sus des places à temps complet (au-delà de 30 heures par semaine) : temps partiels, accueil occasionnel mais aussi quotas de places d'urgence doivent favoriser l'insertion, les reprises professionnelles mais les établissements s'ouvrent aussi à ceux qui sont confrontés à des problèmes personnels de garde, qui veulent avoir du temps pour des activités sociales et culturelles, pour leur quotidien ou encore se reposer... Une "ouverture" originale tout en faisant "bénéficier à davantage d'enfants d'une relation éducative autre que celle du cercle privé", explique le directeur du Pôle Petite Enfance, Guillaume Rimbert.

La transformation a été doublement motivée. Comme le souligne la conseillère municipaleCopyright Mairie de Belfort déléguée à la petite enfance, Marie-Claude Beuret, elle a été pensée pour être en adéquation avec les multiples situations familiales et professionnelles actuelles, "des temps de travail de plus en plus morcelés et des temps partiels non choisis, notamment concernant les femmes" mais aussi pour répondre aux besoins d'une "famille qui a changé, plus souvent monoparentale par exemple". Dans le même temps, ces transformations visent aussi à satisfaire la CAF qui, en contrepartie des subventions allouées (31 % contre 52 % versés par la commune, les 17 % restants étant à la charge des parents), exige que les crèches soient "remplies". "Avant la PSU (Prestation de service unique) [mise en place en janvier 2002 avec une date limite de mise en application en janvier 2005, ce qui fut le cas à Belfort, NDLR], les parents payaient au forfait. Avec la PSU, ils prennent juste ce qu'il leur faut, 4 jours, 3 jours, etc., voire s'arrangent avec de la famille des amis pour réduire au maximum le temps de présence en crèche", explique l'élue. "Du coup, il faut combler les 'trous'."

Une mise en place progressive des temps partiels

Pour que les équipes adaptent leurs pratiques et surtout leur "culture" à ce nouveau fonctionnement, les nouveaux modes d'accueil ont d'abord été expérimentés dès 2006 par une crèche et une halte-garderie, celles de Fréry, sises dans un même bâtiment. L'expérimentation a ensuite concerné les autres crèches en 2010-2011. Celles-ci ont choisi à leur convenance le nombre d'enfants à accueillir à temps partiel durant cette première année avant de définir un quota, en moyenne 5 places à temps partiel.

Pour la rentrée de septembre, les commissions d'attribution de la Ville, qui centralisent toutes les demandes, affectent les enfants sur des places à temps plein et à temps partiel, ainsi que sur de l'accueil occasionnel dont les fréquences sont très variables. Des sous-commissions se réunissent au besoin dans l'année pour gérer les places qui se libèrent. Le reste du temps disponible est ajusté par les établissements eux-mêmes. "Le but est d'être le plus souple possible", explique Guillaume Rimbert, et de permettre à chacun "de faire de le dentelle" poursuit l'élue.

Outre les places d'urgence, les établissements gèrent donc des contrats "Grandir ensemble" qui proposent de l'accueil de 2h à 2 jours. À ces temps s'ajoutent 20 places d'urgence "pour pouvoir accueillir des enfants en cas de besoin ponctuel en cours d'année", sachant que "l'offre d'accueil est très saisonnière et liée à la rentrée scolaire qui permet de libérer environ un tiers des places", constate Guillaume Rimbert, le reste de l'année, les places étant rares (déménagement, mutation, congé parental...). Ces places sont dédiées à des impératifs liés au travail (stage de formation, mission d'intérim, CDD, phase d'insertion...) "notamment en vue de sortir des mères d'un cercle vicieux: elles ne travaillent pas tant qu'elles n'ont pas de places et inversement les crèches ne leur réservent pas de places tant qu'elles ne travaillent pas", analyse le directeur. Mais elles servent aussi à répondre à des problèmes familiaux: assurer la continuité en cas de rupture du mode de garde (perte d'agrément ou décès de l'assistante maternelle, de confiance vis-à-vis de cette dernière...), dans des situations où les familles ne sont plus en mesure d'assurer la garde, en cas d'hospitalisation, incarcération, injonction des services éducatifs pour négligence...

Les inquiétudes vis-à-vis des enfants tombent: ce sont eux qui s'adaptent le plus vite

L'expérimentation a de son côté "permis de lever les freins et d'amorcer les changements culturels", constate Guillaume Rimbert, sachant que le problème se pose moins pour les nouvelles équipes formées à ces nouveautés. "Avant, on avait en moyenne 60 enfants par crèche accueillis dans la semaine. Au mieux, on avait donc un meilleur taux d'encadrement en l'absence d'enfants. Là, on a tendance à remplir les places". Parmi les inquiétudes soulevées, figuraient l'adaptation des enfants accueillis sur des temps courts (comment trouver des repères en une demi-journée, vont-ils accepter qu'un lit puisse servir à deux enfants qui ne sont pas accueillis les mêmes jours, etc.?) et la question de la disponibilité des personnels, voire de la fatigue et de l'usure. Sachant que des études réalisées par la mairie montrent "une corrélation entre le taux d'encadrement et l'absence de maladie", poursuit Guillaume Rimbert. Mais au final, "les équipes se sont rendues compte que ceux qui s'adaptaient le mieux, c'étaient les enfants!"

Penser la nouvelle organisation pour réserver des temps aux préparations de projets

Au-delà d' "ajustements mineurs", tels l'achat de casiers et de lits supplémentaires, l'effort porte davantage sur l'organisation. Car il y a désormais plus d'enfants, plus de familles et plus éclatées, un public plus éloigné qu'auparavant de "la famille type: deux parents qui travaillent, en CDI, avec une certaine stabilité économique", constate Guillaume Rimbert. Multiplication des familles et mixité sociale impliquent donc davantage de temps consacré à l'accueil : pour présenter la structure et le projet et effectuer les périodes d'adaptation. Toutes les crèches ont du coup été dotées d'une directrice et d'une directrice adjointe (alors que la loi n'impose la seconde qu'à partir de 61 enfants, voire plus), les cinq crèches ayant des capacités d'accueil de 44, 60, 62, 64 et 66 places. Pour compenser aussi l'absence de temps de respiration ou dédiés aux projets et préparation d'activités (d'autant plus réduits que les plages des vacances et du périscolaire, les mercredis après-midis notamment, sont remplis, par exemple pour favoriser la transition de l'accueil collectif à la première année d'école), la commune incite les regroupements d'enfants autour du jeu libre. Parce que celui-ci implique un minimum de présence directe, les autres personnels pouvant se consacrer à des projets tout en étant à proximité immédiate.

Si les Villes doivent progressivement intégrer cette multiplicité d'accueil, leur avancement en la matière est très divers. Certaines se heurtent à la réticence des personnels mais aussi à des problèmes de moyens. Belfort est de son côté "l'une des Villes les mieux dotées de France en termes de places et la mieux dotée de l'Est", souligne le directeur du Pôle Petite Enfance. La capacité d'accueil y est de 25 places pour 100 enfants contre une moyenne nationale qui s'élève à 12 places pour 100 enfants. Ce sont ces moyens qui ont permis de donner de la souplesse à cet accueil au regard de ce qui se fait ailleurs. Ici, on affirme aussi avoir compris qu'il était nécessaire d'accorder "des bouffées d'air et du repos aux parents qui ne travaillent pas", position également peu répandue en France.

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