Suicide d'une enseignante: les réactions syndicales évoquent "un désespoir profond"
Paru dans Scolaire le lundi 17 octobre 2011.
"Le geste tragique de ce professeur n’est pas dû, comme l’administration de l’Education nationale voudrait le faire croire, à des problèmes privés mais bien à son désespoir profond face à la dégradation constante des conditions d’exercice de notre métier." Cette réaction de l'Union pour l'école républicaine, qui réunit la CSEN, la FAEN et la CFTC donne la tonalité des communiqués des syndicats après le décès de l'enseignante qui s'est immolée à Béziers.
Le SE-Unsa appelle "les enseignants à se retrouver dans leurs écoles et établissements mardi 18 octobre à 14h00, au moment où [la marche blanche] débutera à Béziers" et il ajoute : "Même s’il est toujours délicat de faire la part des choses entre ce qui relève de problématiques personnelles et de difficultés liées aux conditions de travail, ce geste terrible avait à l’évidence pour objectif d’alerter sur une situation jugée insupportable par notre collègue". Et le syndicat constate : "chacun se demande comment on peut en arriver là, pourquoi cela n’a pas pu être évité, si tous les dispositifs d’alerte, d’aide et de suivi ont été mis en oeuvre".
La FERC-CGT demande "combien il faudra de morts au travail, visibles, médiatisées (quand nombreuses sont passées sous silence) au sein de l’Education nationale, pour que le plus mauvais employeur, l’Etat, reconnaisse enfin ses responsabilités en la matière (...) Les établissements sont devenus des lieux de délit : violences, harcèlement, absence de sécurité, de médecine de prévention, mise en danger régulière de la vie d’autrui…"
Les trois syndicats FSU de l’enseignement secondaire "auront le souci de s’assurer [que cette enseignante] aura bénéficié, dans son parcours professionnel et particulièrement ces dernières années, de tout le soutien, l’écoute et l’accompagnement de sa hiérarchie et de l’institution". Ils demandent "la mise en place d’une véritable médecine du travail dans l’Education nationale et une politique responsable des ressources humaines", des "dispositions permettant par le travail en équipe de rompre l’isolement des enseignants" et l'amélioration de leurs conditions de travail.
Ils proposent aux autres organisations syndicales l’organisation d’une demi-journée dans tous les EPLE "pour impulser le débat sur les réalités du métier et les solutions à apporter". Le SE-Unsa "vient d’écrire au ministre pour lui demander la tenue sans délai d’un CHS ministériel pour y aborder ces questions". La CGT "s’assurera que l’employeur mette en œuvre toutes ses obligations" et laisse entendre que la riposte pourrait être juridique, l'employeur ayant une "obligation de sécurité, de moyens et de résultat pour protéger la santé physique et mentale des personnels". L’Union pour l’Ecole Républicaine demande "aux groupes de l’Assemblée nationale et du Sénat la création d’une commission d’enquête sur le suicide chez les personnels de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur".