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Comment inscrire l'Ecole dans le développement durable? Une journée à Lyon-III

Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 13 octobre 2011.

Comment penser le lien entre l'Ecole et le développement durable? On peut en donner une version "faible", et vouloir ajouter une discipline aux autres, promouvoir une "civilité verte", voire "une police des moeurs écologiques". On peut aussi penser qu'il n'y aura pas de développement durable sans un développement durable des personnes, et l'envisager dès l'école, lieu d'élaboration d'un cadre où chacun puisse penser le vivre ensemble. Jean-Philippe Pierron, responsable du master "Ethique et développement durable" à Lyon-III introduit avec cette exigence la journée organisée par ses étudiants hier mercredi 12 octobre. Elle était également organisée par "Graine d'école", une jeune association qui projette la création d'une école alternative hors-contrat. Voici des échos de la matinée, l'après-midi ayant été essentiellement consacrée à la confrontration de projets d'écoles alternatives, hors-contrat, et du cadre de l'Education nationale.

Bruno Barthelmé, philosophe, ne s'inscrit pas dans le même registre que Jean-Philippe Pierron. Pour lui, il faut "rappeler à l'école ses missions régaliennes et ses mythes fondateurs". Il se défie des nouvelles missions assignées à l'école primaire, le "vivre ensemble" et toutes les "éducation à … ", qui sont justifiées par nouveaux impératifs, éduquer, insérer socio-professionnellement, alors qu'on ne devrait pas apprendre à l'école ce qu'on peut apprendre ailleurs. Sa seule mission est de "faire advenir l'humain dans l'Homme".

Jacques Boudot, médiateur de l'Education nationale, a parfois l'impression de "marcher au milieu des débris", ce qui lui "permet de comprendre pourquoi tout a dégringolé". Inspecteur général, il se souvient d'avoir systématiquement demandé à des professeurs de mathématiques quel était leur objectif: "Ils ont tous répondu 'traiter le programme'. Résultat, tous les élèves prennent des leçons particulières." Il n'est pas tendre non plus pour l'administration qui lui avait demandé de mettre en place dans l'académie de Clermont-Ferrand la pédagogie différenciée, "mais qui n'avait pas d'échantillon en poche" et qui était incapable de donner le moindre éclaircissement sur ce que recouvrait ce concept.

Pascal Bouchard, journaliste, fait le tour des réformes, depuis 1959, et se demande lesquelles produisent encore des effets conformes aux intentions de leurs promoteurs. Il en compte bien peu et en conclut que la société n'ayant pas de vision d'avenir, elle est incapable de donner un cap au système scolaire, qui hésite entre des finalités contradictoires, tandis que l'administration laisse les établissements sans pilotage, ce que devrait accentuer la réforme en cours.

Gérard Médioni, qui représentait le GFEN, fait l'historique de l'Education nouvelle, et montre comment les élèves peuvent se trouver démunis face à des exigences qu'ils ne comprennent pas. Ils croient "faire leur travail", se centrent sur la tâche à faire, et n'en saisissent pas le sens caché, passant à côté de ce qui était évident pour l'enseignant. La question du sens même des savoirs est posée "on n'apprend pas les mathématiques pour aller au marché, mais pour aller dans l'héritage de l'humanité." Pour lui, "tout est à refonder", en s'appuyant sur la Convention internationale des droits de l'enfant.

Francine Pellaud, enseignante à la HEP de Fribourg, une sorte d'IUFM suisse, évoque avec enthousiasme la mise en place, en cours, du "plan d'étude romand" qui doit permettre aux élèves d' "appréhender de manière systémique la complexité du monde", et d'être plus tard des citoyens "capables de penser et de créer". Cela suppose que les enseignants cessent d'être des transmetteurs de savoirs, et accompagnent les élèves dans leurs recherches. Elle ne se fait pas d'illusion sur les résistances que rencontrera le PER, ni sur les difficultés du plan de formation. Mais les enseignants suisses ont un atout, ils ne sont pas évalués. Dès lors, ils peuvent s'autoriser, comme les élèves, à faire des erreurs, donc à s'engager. "Il faudra leur donner la possibilité d'évoluer."

 

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