Un projet ministériel d'évaluation des élèves de maternelle alarme les syndicats
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Orientation le mercredi 12 octobre 2011.
On se souvient de la levée de bouclier qu'avait provoquée le rapport Inserm (2005), le rapport Benisti (2005) ou celui de J.M. Bockel (2010) (ici) et la création du collectif "pas de 0 de conduite". Le projet d'évaluation des élèves de grande section de maternelle que le ministère de l'Education devait présenter aujourd'hui aux inspecteurs ne devrait pas recevoir un meilleur accueil. Le syndicat SE-Unsa lance déjà un appel "pas de tri en maternelle" (ici) pour contrer le projet.
Ce livret d'évaluation, que Touteduc s'est procuré, se décompose en trois phases. Entre novembre et décembre, la phase de "repérage" des élèves en difficulté consiste en une observation en classe et des épreuves individuelles de phonologie. Certains de ces tests s'apparentent à un bilan médical, jusqu'à présent confidentiel. Surtout, ces tests doivent aboutir à une catégorisation des élèves en trois items : "Rien à signaler"; "risque" et "haut risque".
La phase suivante propose un entrainement progressif des enfants repérés "à risque" par les enseignants. Cet entrainement suppose le regroupement homogène des élèves. Certains y voient un risque de stigmatisation.
La phase 3 se déroule entre mai et juin et évalue un ensemble de compétences listées dans le document. Ces compétences portent notamment sur le comportement de l'enfant. Si par exemple celui-ci "ne joue pas avec les autres dans la cours de récréation" il perd un point. Le document stipule que "l'enfant devenu élève agit de manière à respecter l'intégrité de toutes les personnes et de son environnement ; il ne les agresse pas, il a recours à la parole en cas de désaccord ou de conflit." Un enfant qui, à 5 ans, obtiendrait moins de 2 points en comportement à l'école serait classé "à haut risque". Les enseignants "savent très bien identifier les enfants qui ont besoin d'un accompagnement particulier. ils n'ont nul besoin d'un dispositif inadapté qui va transformer la maternelle en structure de sélection alors qu'elle n'a pas la vocation à trier les élèves", déclare au "Monde" Christian Chevalier, secrétaire général de SE-Unsa.
Pour lire la position et l'analyse de SE Unsa (ici).