Internet permettra-t-il aux élèves (et aux enseignants) d'accéder à l'intelligence collective?
Paru dans Scolaire le vendredi 03 avril 2009.
Les technologies de l'information et de la communication ont révolutionné notre façon de vivre, d'agir et même de penser. Mais ont-elles révolutionné l'enseignement? C'est le thème du dossier d'actualité que le service de veille technologique et scientifique de l'INRP vient de mettre en ligne sur son site sous le titre "Quelles pratiques collaboratives à l'heure des TIC?" S'il est vrai que "l'homo sapiens est devenu homo communicans", et qu'une nouvelle civilisation se prépare, l'éducation ne peut pas rester à l'écart.
L'auteur du dossier, Rémi Thibert, note d'abord que l'appellation "apprentissage collaboratif" est largement antérieure au monde numérique, et évoque les figures de Piaget, Vygotski Sullivan, et Dewey. Pour ce qui est de la collaboration entre enseignants, il relève que l'association Sésamath "qui est pionnière dans ce domaine", s'inscrit dans le prolongement des IREM (Instituts de recherches sur l'enseignement des mathématiques). Depuis sont apparus les Clionautes (enseignants d'Histoire Géographie) et le Weblettres tandis que sont en train d'apparaître OpenEnglishWeb pour les enseignants d'anglais et Lemanege pour les enseignants d'éco-gestion, et que le projet Édulibre permet d'élaborer de manière collaborative une ressource pédagogique. Il cite encore Apprendre 2.0, Éducation au média Internet (francophones), Classroom 2.0 (en anglais), Enseigner les sciences (pour l'école primaire), L'école hors les murs (international). Certains chercheurs sont pourtant sceptiques: "si au départ d'un projet, nombre de personnes sont volontaires, il apparaît qu'au final, seule une minorité des acteurs s'investit réellement dans un projet collaboratif."
Dans la classe, les obstacles sont nombreux: les tâches sont plus difficiles à inventer, il faut apprendre aux élèves à collaborer, l'enseignant "n'est plus la seule autorité à pouvoir publier, et il doit accepter que ce que les élèves publient ne corresponde pas à ce qu'il attendait. Ajoutons que "ce n'est pas parce qu'il y a collaboration qu'il y a apprentissage". Il faut que les apprenants s'engagent dans un cadre bien défini, et que les projets s'inscrivent dans la durée.
La France n'est pas seule à constater un décalage entre les discours et les pratiques. Au Royaume-Uni, où l'ont "fait preuve d'une politique volontariste concernant les TIC", la mise en concurrence des établissements entre eux est un frein à la collaboration. La collaboration entre enseignants existe effectivement mais reste limitée à l'échelle d'un établissement.
Autre question évoquée dans ce dossier, le copyright, qui doit être adapté aux outils collaboratifs. "Les licences creative commons ont été créées pour répondre à ce besoin. Des universités ont emboîté le pas au MIT et proposent leurs cours en ligne sous des licences libres, des projets d'envergure tels le Floss4edu (Free/Libre and Open Source Software for Education in Africa : Logiciels Libres pour l'éducation en Afrique) font de même."