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Le suicide des "pre-teens" : des indices prédictifs à la naissance

Paru dans Petite enfance le vendredi 30 septembre 2011.

Boris cyrulnik, à la demande du secrétariat d'Etat à la Jeunesse, s'est penché sur le suicide des enfants entre 5 et 12 ans, les pre-teens. Son ouvrage, dont Touteduc a annoncé la publication hier (Boris Cyrulnik au secours des enfants suicidaires), fait la synthèse de nombreuses études tirées de diverses disciplines pour retracer le parcours des enfants suicidaires. Il souligne d'abord que le chiffre dénombrant les suicide de cette population est sous-estimé puisqu'il ne prend en compte que les suicides "évidents". Or, selon l'auteur, de nombreux accidents sont en réalité le résultat de conduites suicidaires. "A peu près 30 à 100 enfants se tuent chaque année, mais on peut penser qu'un grand nombre d'accidents sont des analogues suicidaires." Et d'après les études citées, un grand nombre d'enfants pensent à la mort et à se donner la mort. Les filles, en Occident, sont plus vulnérables à l'idée de mort (12%) que les garçons (6%) parce que plus précoces, elles souffrent davantage de leur situation de dépendance à l'égard de leurs parents. Le suicide est alors l'affirmation d'une volonté de contrôle et l'expression de leur frustration.

Mais, contrairement au geste "prémédité" d'un adolescent ou d'un adulte, l'enfant répond à une impulsion. En outre, "avant l'âge de 8 ans, la mort n'est qu'une cessation, une séparation, une absence provisoire, temporaire, réversible." Pour le neuropsychiatre, le principal facteur de risque est lié à la période qui entoure la naissance. Des études biologiques ont montré qu'une carence sensorielle et affective pendant cette période inhibe la sécrétion de la sérotonine par les neurotransmetteurs. Quand le nourrisson a été isolé, son environnement sensoriel appauvri, il sécrète en moindre quantité cette substance apaisante. En situation de stress, elle lui manquera pour maitriser ses émotions. Le sujet présente dans ce cas une émotivité intense, une impulsivité difficile à contrôler. La pratique du théatre peut être une façon de remédier à cette lacune en sérotonine pour acquérir la maitrise de soi. La responsabilisation peut également palier ce manque en lui donnant un cadre, une estime de soi et un projet d'existence.

"Très souvent, il (le jeune suicidaire) a déjà cotoyé la mort". Il peut être orphelin, ou avoir un parent déprimé, suicidaire, ou sa famille être en deuil (...) Approximativement, 10% des enfants suicidés appartiennent à une famille où il y a eu beaucoup de suicidés (...) Ce sont surtout les enfants borderline qui se suicident. Les personnalités limites connaissent un développement chaotique fait de conflits, de ruptures et d'échecs affectifs et sociaux. Il y a tant d'épreuves dans leur histoire que 70% à 90% pensent au suicide et 10% y aboutissent". Ce sont en général des enfants élevés en totale carence émotionnelle et au comportement apparemment autistique : presque pas de langage, évitement du regard, activités autocentrées, auto agression à la moindre émotion. Il faut à ces enfants les limites structurantes offertes par le sport, les activités artistiques et culturelles, qui donnent du sens et une valorisation à leur être.

"L'engagement empêche le suicide" est l'intitulé de l'un des chapitres du livre. Boris Cyrulnik écrit : "dans les pays riches, ce sont les pauvres isolés qui se suicident le plus quand ils n'ont ni travail, ni solidarité ni engagement affectif ou social." On reconnait ici le concept d'anomie décrit par le sociologue Emile Durkheim dans son étude sur le suicide à la fin du XIXème siècle.

Par ailleurs, l'absence dans notre culture de rites de passage, où la peur de la mort est canalisée et dépassée, amène les enfants à jouer avec la mort. Ces "jeux dangereux" (s'étrangler avec un foulard en serrant le plus possible, traverser la rue sans regarder…) sont des conduites à risque ou suicidaires qui pourraient être canalisées par des activités telles que le scoutisme ou des sports à risques limités.

Enfin, l'immigration, si elle est mal (di)gérée par le pays d'accueil et la famille migrante, peut provoquer à la deuxième génération un rejet et un isolement qui se traduira par une augmentation du risque de suicide.
 

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