La constante macabre reconnue par Darcos
Paru dans Scolaire le mercredi 01 avril 2009.
Le ministère de l’Éducation nationale "vient de soutenir officiellement le Mouvement contre la constante macabre" en lui accordant une subvention destinée à "lui permettre la poursuite et le développement de ses actions" selon les termes de la lettre adressée par Xavier Darcos à André Antibi, qui le relate sur le site du MCCM.
André Antibi, professeur de maths, a constaté que les élèves d'une classe se répartissent toujours, peu ou prou, selon une courbe de Gauss, et qu'il faut des mauvaises notes pour que les bonnes aient un sens. Autrement dit, même dans une très bonne classe, on fabrique artificiellement des mauvais élèves. Si tout le monde avait 18/20, voire 20/20, le professeur serait considéré comme laxiste et peu sérieux. Ce que résume bien un petit dessin sur son site: un enseignant se réjouit de trouver "enfin" une mauvaise copie dans le paquet qu'il est en train de corriger.
André Antibi publie en 2003, "La Constante macabre", et c'est, avec le premier volume de "La Recherche du temps perdu", le seul livre édité à compte d'auteur qui ait eu un réel succès. L'homme est obstiné. Il additionne les soutiens et en fait le combat de sa vie. Il organise en 2006 un colloque au Sénat, où il développe notamment l'idée que les enseignants peuvent passer avec leurs élèves un "contrat de confiance", de façon qu'ils sachent sur quoi ils seront évalués, et que tous ceux qui ont fourni un travail normal soient récompensés d'une note normale, c'est à dire bonne. Les actes en sont publiés par Nathan, sous le titre "L'Evaluation par contrat de confiance".
Avec la lettre qui lui est adressée par le ministre, et la subvention qui l'accompagne, André Antibi voit ses efforts reconnus "au plus haut niveau", et surtout la composante mortifère de notre système éducatif dénoncée. Comme l'écrit avec une pointe d'humour noir le recteur Legrand: la meilleure façon de distinguer les bons nageurs est d'organiser un naufrage.
Question aux amis de ToutEduc: pensez-vous que cette subvention marque un tournant dans la politique pédagogique de Xavier Darcos?